La mission spatiale Hera : La Terre face aux astéroïdes

Imaginez un instant qu'un astéroïde de plusieurs centaines de mètres de diamètre se dirige tout droit vers la Terre, menaçant de provoquer une catastrophe d'envergure planétaire. Ce scénario digne d'un film de science-fiction pourrait bien devenir réalité un jour. Heureusement, l'humanité ne reste pas les bras croisés face à cette menace. La mission spatiale Hera, portée par l'Agence Spatiale Européenne (ESA), marque une étape cruciale dans notre capacité à nous protéger contre les astéroïdes potentiellement dangereux.

Hera, la sentinelle de l'espace

Prévue pour décoller le 7 octobre prochain à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX, la sonde Hera entamera un long voyage de plus de deux ans à destination de l'astéroïde Dimorphos. Cet astéroïde d'environ 150 mètres de diamètre a été délibérément percuté en septembre 2022 par la sonde DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA, dans le but de modifier sa trajectoire. La mission de Hera sera d'étudier en détail les conséquences de cet impact sans précédent.

Une collaboration internationale

La mission Hera est le fruit d'une coopération étroite entre l'ESA et la NASA. Tandis que l'agence américaine s'est chargée de percuter Dimorphos avec DART, c'est à l'Europe que revient la tâche d'analyser en profondeur les effets de cette collision. Les données recueillies par Hera seront essentielles pour valider nos modèles et affiner nos stratégies de déviation d'astéroïdes.

On sait que l'on va retourner dans un environnement qui a complètement changé. On a vraiment l'occasion de relier un évènement passé avec ses conséquences immédiates. C'est génial !

– Patrick Michel, responsable scientifique de la mission pour l'ESA

Au cœur de l'astéroïde

Outre la sonde principale, Hera embarquera deux petits satellites appelés cubesats. Baptisés Milani et Juventas, ils se détacheront à l'arrivée près de Dimorphos pour étudier l'astéroïde sous toutes ses coutures :

• Milani prendra des images multispectrales et analysera les nuages de poussières créés par l'impact de DART.
• Juventas sondera quant à lui l'intérieur de l'astéroïde par radar afin d'en déterminer la structure interne et les propriétés géophysiques.

La sonde Hera tentera elle aussi de se poser sur Didymos, le corps céleste autour duquel orbite Dimorphos, afin de l'étudier de près. Ces analyses permettront de mieux comprendre la composition et le comportement des astéroïdes lorsqu'ils subissent un choc violent.

Un défi technologique

Mener une mission aussi ambitieuse à plus de 11 millions de kilomètres de la Terre relève de la prouesse technologique. Parmi les innovations nécessaires, on peut citer :

• La navigation autonome près d'un astéroïde à faible gravité.
• Les communications intersatellites entre Hera et les cubesats.
• L'atterrissage en totale autonomie sur un corps céleste.

Avec un budget de 363 millions d'euros et la participation d'une centaine d'acteurs industriels et académiques européens, la mission Hera illustre le savoir-faire de pointe dont dispose l'Europe dans le domaine spatial.

L'aube d'une nouvelle ère

Au-delà de son intérêt scientifique évident, Hera ouvre la voie à une véritable stratégie de défense planétaire. En démontrant notre capacité à dévier un astéroïde, elle pose les bases des futures missions qui pourraient un jour nous sauver d'une catastrophe cosmique. C'est tout un pan de la conquête spatiale qui s'écrit sous nos yeux : celui où l'humanité prend en main son destin face aux menaces venues des confins de l'espace.

Alors que Hera s'apprête à entamer son long périple, c'est avec une certaine émotion que nous regardons ce petit bijou de technologie s'élancer vers les étoiles. Car à son bord, c'est un peu de notre avenir à tous qui s'envole. Un avenir où grâce à la science, l'ingéniosité et la coopération internationale, nous pourrons regarder le ciel avec sérénité, prêts à affronter tous les défis que l'univers mettra sur notre route.