La Ratte du Touquet, une pomme de terre éco-responsable
Qui aurait cru que la célèbre pomme de terre Ratte du Touquet deviendrait un jour le porte-étendard de la décarbonation dans l'agroalimentaire ? C'est pourtant le pari audacieux que s'est lancé Touquet Savour, PME familiale des Hauts-de-France et fournisseur incontournable de la grande distribution. Avec 25 000 tonnes de tubercules conditionnés chaque année, l'entreprise a décidé de prendre le taureau de la transition écologique par les cornes.
Un bilan carbone pour identifier les leviers d'action
Première étape en 2021 : réaliser un bilan carbone complet. Résultat ? 9000 tonnes de CO2 émises annuellement, dont seulement 2% directement liées à l'activité de l'usine. Le gros du chemin reste donc à faire en amont, au champ, et en aval, lors du transport. Un défi de taille quand on sait que les émissions agricoles, principalement dues à la fertilisation azotée et au passage des engins, pèsent pour 51% dans ce bilan.
Des initiatives prometteuses côté culture
Hélène Maillard, directrice générale, a des idées plein les bottes pour réduire l'empreinte carbone à la source. Avec son équipe d'agronomes, elle multiplie les expérimentations chez la trentaine de producteurs partenaires :
- Introduction de produits de biocontrôle comme alternatives aux pesticides
- Semis de légumineuses pour fixer naturellement l'azote dans le sol
- Test de variétés de pommes de terre nécessitant moins d'engrais azotés
L'objectif est ambitieux : passer de 120 unités d'azote par hectare actuellement à 90 unités à terme. Tout en gardant un œil sur le prix des futurs engrais décarbonés, encore prohibitif. Le chemin est encore long, mais ces premiers pas sont encourageants.
L'usine montre l'exemple
Côté conditionnement, Touquet Savour n'est pas en reste. Exit les emballages plastiques, remplacés par du papier sur les produits MDD. Les nouveaux groupes froids récupèrent la chaleur, et des panneaux solaires fourniront bientôt 25% de l'électricité du site. Des petits pas qui, mis bout à bout, devraient permettre de réduire de 15% les émissions directes d'ici 2025.
Décarboner aussi le transport
Enfin, l'entreprise attaque un gros morceau : les 19% d'émissions liées au transport routier, notamment pour livrer les clients dans toute la France. Si les discussions avec les transporteurs en sont encore à leurs balbutiements, Hélène Maillard en est convaincue :
Les grands groupes, qui vont payer leurs émissions CO2, seront prêts à valoriser les efforts de toute la chaîne de valeur. Nous pouvons jouer un rôle de relais pour financer la décarbonation en mobilisant des crédits carbone.
Hélène Maillard, DG de Touquet Savour
Avec sa Ratte du Touquet, Touquet Savour trace la voie d'une pomme de terre plus verte et résiliente. Une démarche exemplaire, qui devrait essaimer dans toute la filière. La preuve qu'avec de l'ingéniosité et de la détermination, la décarbonation est à portée de tubercule !