La reprise du trafic aérien français en 2024 malgré un contexte difficile
Après des années de forte turbulence liées à la pandémie de Covid-19, le trafic aérien français a enfin redécollé en 2024 pour atteindre quasiment son niveau d'avant-crise. Cette reprise représente un soulagement pour tout le secteur de l'aéronautique qui a traversé sa pire crise. Mais derrière ces bons chiffres, se cachent des disparités entre trafic intérieur et international ainsi qu'un défi écologique à relever.
178 millions de passagers en 2024 : un retour presque à la normale
Selon les derniers chiffres publiés par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), près de 178 millions de personnes ont pris l'avion en France en 2024. Un nombre qui représente 99,1% du trafic de 2019, dernière année pleine avant la crise sanitaire. Après le choc de 2020 et une reprise poussive les années suivantes, le transport aérien tricolore a donc retrouvé des couleurs.
Cette performance est d'autant plus remarquable qu'elle intervient dans un contexte toujours compliqué pour le secteur :
- Pénurie de main d'œuvre
- Flambée des prix de l'énergie avec la guerre en Ukraine
- Retour de l'inflation
Malgré ces vents contraires, les compagnies aériennes françaises ont réussi à répondre présent à la reprise de la demande. Air France-KLM a ainsi transporté 87,3 millions de passagers en 2024 (+11% par rapport à 2019).
L'international tire la reprise, le domestique en berne
Si le trafic global est presque revenu à son niveau d'avant-crise, la reprise cache des disparités entre les segments. Ainsi, le trafic intérieur reste à seulement 80% de son volume de 2019 avec 27 millions de passagers.
Les liaisons les plus touchées sont celles entre Paris et la province, pointées du doigt pour leur impact écologique et faisant l'objet de restrictions. Les voyages en avion intra-métropole ont baissé d'un tiers comparé à l'avant Covid.
À l'inverse, le trafic international tire son épingle du jeu en dépassant les niveaux de 2019. Les passagers voyageant vers l'Amérique du Nord sont 9% plus nombreux qu'il y a 5 ans. Un bond encore plus spectaculaire est enregistré sur les liaisons vers l'Afrique (+24%) et le Moyen-Orient (+11%).
Certaines destinations remportent particulièrement les faveurs des voyageurs :
- Espagne (+12% vs 2019)
- Italie (+16%)
- Turquie (+38%)
- Pays du Maghreb (jusqu'à +35%)
En revanche, les liaisons vers la Chine (-35%) et le Japon (-32%) restent en net retrait par rapport à la période pré-pandémie.
Le défi écologique de l'aviation
Cette forte reprise du trafic aérien ne doit pas faire oublier l'enjeu environnemental. Si l'activité a presque retrouvé son niveau d'avant-crise, les émissions de CO2 sont elles « limitées » à 91% de leur niveau de 2019.
Ce découplage relatif est lié à plusieurs facteurs selon la DGAC :
- Renouvellement et optimisation des flottes
- Meilleurs taux de remplissage
- Incorporation croissante de carburants d'aviation durables (SAF) avec un taux relevé de 1% à 1,5%
Mais face à l'urgence climatique, la pression reste forte sur le secteur aérien pour accélérer sa transition écologique. Les compagnies, aéroports et industriels multiplient les initiatives, de l'avion à hydrogène aux procédures de vol plus vertes.
Nous devons concilier la liberté de voyager et la protection de la planète. C'est tout l'enjeu de notre feuille de route de décarbonation. Nous visons la neutralité carbone en 2050.
– Ben Smith, PDG d'Air France-KLM
Les pouvoirs publics poussent également à une régulation plus stricte, avec notamment l'interdiction des vols intérieurs s'il existe une alternative en train en moins de 2h30. Une mesure entrée en vigueur en 2024 en France.
La forte reprise du trafic aérien en 2024 est donc une bonne nouvelle pour l'industrie. Mais elle rappelle aussi l'ampleur du défi à relever pour décarboner le transport aérien et le rendre compatible avec nos engagements climatiques. Un chantier prioritaire pour les années à venir qui mobilise tous les acteurs du secteur.