La Startup Supersonic Exosonic Cesse Ses Activités
Le rêve d'un avion supersonique silencieux pour passagers vient de prendre un sérieux coup dans l'aile. Exosonic, une jeune pousse créée en 2019 à Mountain View en Californie, vient d'annoncer sa fermeture, faute de soutien suffisant de la part de ses clients potentiels, notamment le Département de la Défense américain.
Son fondateur Norris Tie, ancien ingénieur chez Lockheed Martin où il avait notamment travaillé sur le projet d'avion supersonique à faible bang sonique X-59 pour la NASA, y croyait pourtant dur comme fer. Avec plusieurs millions de dollars levés auprès d'investisseurs comme Y Combinator, il comptait révolutionner l'aviation commerciale avec son avion Horizon, capable de voler à Mach 1,8 en produisant un son 90% moins intense que le Concorde.
Des avions supersoniques, mais aussi des drones
Exosonic ne se limitait pas aux avions de ligne. La startup planchait également sur des drones supersoniques pour des missions de surveillance et de reconnaissance, comme le Trident UAV qui avait réussi un premier vol d'essai cette année. Un autre drone plus imposant appelé Revenant était également en développement.
Malheureusement, malgré ces progrès techniques, Exosonic n'a pas réussi à convaincre suffisamment de clients, en particulier le Pentagone dont les petits contrats de R&D n'ont pas débouché sur des commandes fermes. Comme l'explique sobrement le communiqué sur le site web de l'entreprise :
Bien que les fondateurs et l'équipe croient toujours à la nécessité et à l'intérêt du vol supersonique silencieux et des drones supersoniques pour le Département de la Défense des États-Unis, sans un soutien client supplémentaire pour l'un ou l'autre concept, l'entreprise ne peut pas maintenir les besoins en trésorerie pour faire de nouvelles avancées.
Le difficile passage de la R&D au marché
Comme de nombreuses startups dans le domaine de la Défense, Exosonic a buté sur ce qu'on appelle "la vallée de la mort", c'est-à-dire le gouffre qui sépare souvent les phases de recherche et développement financées par le gouvernement, et la commercialisation effective du produit auprès des forces armées. Un enjeu bien connu mais qui reste difficile à surmonter pour les jeunes pousses.
Certains investisseurs qui misaient sur ce secteur semblent d'ailleurs réviser leur position. Lux Capital, qui a récemment levé 1,5 milliard de dollars, a ainsi expliqué vouloir se montrer plus prudent sur les startups de défense en se concentrant sur des produits qui peuvent également avoir un marché commercial.
La compétition reste rude dans l'aérien supersonique
L'échec d'Exosonic ne signifie pas la fin des ambitions supersoniques dans l'aviation. D'autres acteurs restent en lice, qu'il s'agisse de startups comme Boom Supersonic et son avion Overture, ou de géants établis comme Lockheed Martin et son X-59 QueSST développé avec la NASA.
Des entreprises misent aussi sur des concepts hybrides alliant vitesse et prise en compte de l'environnement, à l'image de la startup Venus Aerospace et de son avion hypersonique Stargazer fonctionnant à l'hydrogène, censé atteindre Mach 9 tout en étant neutre en carbone.
Mais le chemin reste long et semé d'embûches avant de voir un successeur du Concorde sillonner à nouveau les cieux de manière rentable et durable. L'échec d'Exosonic illustre bien la complexité et les risques de ce marché. Seules les entreprises les mieux financées et soutenues semblent en mesure de relever le défi à long terme.