La Suède Réduit Ses Taux Directeurs Pour Stimuler Son Économie
Dans un contexte économique délicat où la croissance est au point mort depuis deux ans, la Banque centrale suédoise a décidé d'actionner le levier des taux directeurs. Jeudi dernier, la Riksbank a en effet annoncé une nouvelle baisse d'un quart de point de son taux de référence, le ramenant ainsi à 2,50%. Une décision qui ne surprend guère les observateurs, l'institution monétaire ayant déjà procédé à cinq réductions depuis le début de l'année pour tenter de relancer la machine économique.
Une Inflation Galopante Mise Sous Contrôle
Il faut dire que l'inflation avait atteint des sommets inquiétants fin 2022, frôlant la barre symbolique des 10%. Face à cette surchauffe des prix, la Riksbank n'avait eu d'autre choix que d'augmenter drastiquement ses taux directeurs pour refroidir l'économie. Une stratégie qui a porté ses fruits, l'inflation étant désormais revenue à des niveaux plus acceptables.
Mais ce coup de frein monétaire n'a pas été sans conséquence sur l'activité. Depuis deux ans, l'économie suédoise fait du surplace, pénalisée par des conditions de financement devenues beaucoup plus restrictives. D'où la nécessité pour la Banque centrale d'assouplir sa politique pour redonner un peu d'oxygène aux entreprises et aux ménages.
Un Cycle D'Assouplissement Entamé En Mai
C'est donc en mai dernier que la Riksbank a amorcé ce cycle d'assouplissement monétaire qui vient de connaître un nouvel épisode. En ramenant son principal taux directeur à 2,50%, l'institution espère ainsi continuer à soutenir l'activité sans pour autant relâcher complètement la bride sur l'inflation.
"Si les perspectives d'inflation et d'activité économique restent inchangées, le taux directeur pourrait être abaissé une nouvelle fois au cours du premier semestre 2025"
Communiqué de la Riksbank
Une Approche Plus Prudente Pour 2025
Mais la Banque centrale se veut désormais plus prudente dans sa communication. Après avoir abaissé les coûts d'emprunt à un rythme soutenu ces derniers mois, elle entend marquer une pause dans les prochains mois. Et pour cause : la politique monétaire n'agit sur l'économie qu'avec un certain décalage dans le temps. Il convient donc d'éviter tout excès de stimulus qui pourrait se retourner contre l'objectif de stabilité des prix.
"Le taux d'intérêt a été réduit rapidement et la politique monétaire affecte l'économie avec un décalage. Cela plaide en faveur d'une approche plus prudente lors de la formulation de la politique monétaire à l'avenir"
Communiqué de la Riksbank
Conséquence immédiate de ce discours plus circonspect : la couronne suédoise s'est aussitôt raffermie sur le marché des changes. Une appréciation qui devrait en retour contribuer à maintenir l'inflation sous contrôle en renchérissant le coût des produits importés.
Dans Le Sillage De La Fed
En optant pour un ton plus prudent, la Riksbank s'inscrit dans le sillage de son homologue américaine, la Fed. Cette dernière a également réduit ses taux comme prévu mercredi, tout en prévoyant désormais un resserrement plus graduel pour 2025.
Néanmoins, toutes les grandes banques centrales ne suivent pas le même tempo. La Banque de Norvège a ainsi maintenu son taux directeur inchangé jeudi. Quant à la Banque d'Angleterre, sa décision très attendue tombera en début d'après-midi. Autant de signaux contrastés qui démontrent la complexité de l'équation monétaire actuelle, entre impératif de croissance et vigilance anti-inflation.
Quelles Perspectives Pour L'Économie Suédoise ?
Pour la Suède, les effets de cette nouvelle détente monétaire sur l'économie réelle restent encore à confirmer. Les dernières projections tablent sur :
- Une croissance du PIB de 1,5% en 2024 après une quasi stagnation en 2023
- Un taux de chômage contenu autour de 7,5%
- Une inflation revenue sous la barre des 2% fin 2025
Des prévisions plutôt encourageantes, mais qui devront être confirmées dans les mois à venir. D'ici là, la Riksbank se tiendra prête à ajuster une nouvelle fois sa politique si les circonstances l'exigent. Car dans le contexte économique volatile actuel, flexibilité et réactivité restent plus que jamais les maîtres-mots.