La suspension du projet de recyclage de batteries d’Eramet à Dunkerque

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La suspension du projet de recyclage de batteries dEramet à Dunkerque   Innovationsfr
octobre 24, 2024

La suspension du projet de recyclage de batteries d’Eramet à Dunkerque

L'émergence laborieuse d'une filière européenne des batteries électriques vient de subir un nouveau revers. Ce jeudi 24 octobre, le groupe minier français Eramet a annoncé la suspension de son ambitieux projet d'usine de recyclage de batteries lithium-ion à Dunkerque, dans l'attente de « fondamentaux de marché » plus favorables.

Ce site industriel d'envergure, qui devait entrer en service dès 2027, avait vocation à traiter par des procédés chimiques d'hydrométallurgie jusqu'à 25 000 tonnes par an de black mass, cette poudre noire concentrant les métaux critiques issus des batteries en fin de vie. L'objectif : en extraire du lithium, du cobalt et du nickel réutilisables dans la production de nouvelles batteries.

Un secteur européen des batteries en crise existentielle

Mais dans un contexte de doutes croissants sur la viabilité à court terme d'une filière européenne complète et compétitive, Eramet préfère mettre un coup d'arrêt. Le groupe pointe du doigt les « fortes incertitudes » pesant à la fois sur l'approvisionnement en matières premières et sur les débouchés commerciaux :

Faute de montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leurs composants (précurseurs et matériaux pour cathodes), il existe aujourd'hui de fortes incertitudes, à la fois sur l'approvisionnement en matières premières de l'usine, et sur les débouchés des sels métalliques issus du recyclage.

Communiqué d'Eramet

Concrètement, les rebuts de production des futures méga-usines de cathodes (connues sous l'acronyme CAM pour cathode active materials) manquent à l'appel pour alimenter le site de recyclage. De même, en l'absence de capacités européennes significatives pour fabriquer les composants de batteries, les acheteurs des métaux recyclés par Eramet se trouveraient majoritairement en Asie.

Cette prise de conscience intervient dans un contexte morose pour la filière européenne des batteries, symbolisé par les déboires du suédois Northvolt, ex-figure de proue du secteur. Depuis l'été, les projets sont passés au crible et nombre d'entre eux revus à la baisse ou repoussés.

Suez poursuit seul sur la partie amont du recyclage

Le partenaire d'Eramet sur ce projet dunkerquois, le groupe Suez, a pour sa part indiqué « prendre acte » de cette décision. Le spécialiste des services à l'environnement, qui devait construire et opérer l'usine de démantèlement des batteries pour produire la black mass, assure vouloir poursuivre le développement de ce maillon amont. L'usine doit entrer en service dès 2026.

Suez se veut confiant dans le futur du recyclage des batteries en Europe, et dit continuer à « travailler au développement de boucles fermées » dans ce domaine, laissant entendre qu'une solution de valorisation par hydrométallurgie sera trouvée par un autre biais.

Eramet en difficulté rachète des parts dans sa mine argentine

Pour sa part, le groupe Eramet traverse une passe délicate, avec un chiffre d'affaires trimestriel en baisse de 17% sur un an, à 809 millions d'euros. L'opérateur minier subit le coup d'arrêt de la production de nickel sur son site indonésien, pour des raisons administratives, ainsi que le tassement de la demande chinoise pour le manganèse, composant des aciers pour les infrastructures.

Sur le lithium, l'une des matières vedettes de la transition énergétique, Eramet a annoncé le rachat pour 699 millions de dollars des parts de son partenaire chinois Tsingshan (49,9%) dans leur projet commun de mine de lithium de Centenario en Argentine. Une opération d'ampleur pour l'industriel français, qui en deviendra le seul opérateur, mais qui ne portera réellement ses fruits que lorsque le site aura atteint sa vitesse de croisière et si les prix du lithium se redressent.

Une période d'incertitude pour la filière européenne

L'annonce d'Eramet vient s'ajouter à plusieurs signaux préoccupants pour le développement d'une industrie du recyclage des batteries performante et intégrée en Europe. Récemment, le constructeur automobile Stellantis a aussi stoppé sa participation à un projet similaire avec Orano.

Malgré le soutien affiché des pouvoirs publics européens, qui considèrent cette filière comme stratégique pour la souveraineté industrielle, les défis restent nombreux pour bâtir un écosystème viable. Approvisionnement en batteries usagées, rentabilité des procédés, concurrence asiatique... Les prochains mois seront cruciaux pour voir émerger des modèles économiques pérennes.

Dans ce contexte, chaque acteur industriel ajuste sa stratégie en fonction de ses contraintes propres. Si les recycleurs continuent globalement d'avancer, comme Suez ou des startups telles que Mecaware, les plus gros investissements se font désormais de façon plus sélective et prudente. Pour Eramet, l'heure est à la rationalisation des dépenses et la priorité au renforcement de ses positions minières.

Mais le groupe garde un œil sur l'évolution du marché du recyclage et se tient prêt à relancer son projet dunkerquois si les conditions s'améliorent dans le futur. Le dernier mot n'est donc pas dit sur le rôle que jouera la France dans l'industrie européenne du recyclage des batteries. Un secteur plus que jamais en effervescence.

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