La technologie russe du levcon au cœur du SCAF de Dassault
Imaginez un avion de chasse capable de prouesses aérodynamiques inouïes, enchaînant virages serrés et figures complexes avec une agilité déconcertante. Cette vision futuriste pourrait bien devenir réalité grâce à une technologie méconnue née dans les bureaux d'études russes il y a plus de 40 ans : le levcon. Aujourd'hui, c'est au tour de Dassault Aviation de s'y intéresser de près pour son ambitieux projet d'avion de combat européen, le SCAF. Plongeons ensemble dans les coulisses de cette innovation fascinante.
Le levcon, une idée révolutionnaire venue de Russie
Revenons d'abord sur les origines de cette technologie aussi astucieuse que méconnue. C'est dans les années 80, en pleine Guerre Froide, que des ingénieurs aéronautiques soviétiques imaginent un nouveau type de gouverne de bord d'attaque. Baptisé "levcon" (contraction de "Leading Edge Vortex Control surfaces"), ce dispositif mobile est placé à la jonction entre le nez de l'appareil et les ailes.
L'objectif ? Contrôler les tourbillons aérodynamiques qui se forment à cet endroit crucial lors des manœuvres à forte incidence. Inclinables selon les besoins, les levcons permettent de doter l'avion de capacités de super-manœuvrabilité jusque là inégalées. Un avantage tactique crucial pour un chasseur.
Le levcon augmente significativement la manœuvrabilité de l'appareil et donc son domaine de vol.
Bruno Mialon, directeur du département aérodynamique à l'Onera
Si les Russes ont gardé jalousement leur innovation secrète, ils l'ont tout de même appliquée avec succès sur certains de leurs avions de combat comme le Sukhoi Su-57. Mais le levcon n'avait jusqu'à présent jamais franchi le rideau de fer pour s'inviter dans un projet occidental. C'était sans compter sur la curiosité des ingénieurs français de l'Onera, le centre de recherche aérospatiale tricolore.
Le projet "Superman" pour dompter le levcon
Début 2023, une équipe de l'Onera dirigée par Bruno Mialon lance discrètement un programme de recherche intitulé "Superman". Comme son nom l'indique, l'ambition est d'explorer des technologies de rupture pour décupler les capacités des futurs avions de combat. Et la piste numéro 1 s'appelle levcon.
Grâce à trois campagnes d'essais dans ses souffleries de Lille, l'Onera parvient à valider le concept et à mesurer précisément ses effets sur des maquettes motorisées équipées de levcons miniatures. Les résultats sont à la hauteur des attentes : contrôle des tourbillons, amélioration de la portance, contrôle du roulis... Le levcon tient ses promesses. Sans oublier un atout inattendu : la réduction de la signature radar.
Dassault Aviation séduit par l'innovation russe
Un dossier suffisamment solide pour convaincre Dassault Aviation, maître d'œuvre du projet d'avion de combat européen SCAF, d'étudier de près la piste du levcon. C'est en effet l'Onera qui a soumis le concept directement à l'avionneur français, riche des données issues de ses essais.
L'intérêt des ingénieurs de Dassault pour cette gouverne novatrice n'a rien de surprenant. La furtivité et l'agilité sont les deux maîtres-mots du cahier des charges du SCAF, un appareil de nouvelle génération qui devra révolutionner le combat aérien d'ici 2040. Avec le levcon, le chasseur pourrait échapper plus facilement aux radars ennemis tout en réalisant des prouesses de voltige.
Bien sûr, rien n'est encore acté. Les équipes de Dassault doivent maintenant plancher sur l'intégration du levcon dans l'architecture globale du SCAF, en collaboration avec leurs partenaires européens. Un sacré défi technique qui pourrait toutefois déboucher sur une véritable rupture technologique.
Décidément, l'aéronautique n'a pas fini de nous surprendre. Cette histoire incroyable prouve que l'innovation n'a pas de frontières et que les idées de génie finissent toujours par s'imposer. Avec le levcon, un brin de technologie russe pourrait bien se retrouver au cœur du nec plus ultra du savoir-faire aéronautique européen. Une belle leçon d'humilité et d'audace.