La Valse des Dirigeants au Sein d’Agromousquetaires
En l'espace de quelques mois, c'est un véritable jeu de chaises musicales auquel on assiste au sein d'Agromousquetaires, la branche industrielle du groupement Les Mousquetaires. Dernier épisode en date : le départ précipité de Xavier Deryde, tout juste nommé directeur général en novembre dernier. Une instabilité à la tête du groupe qui soulève des questions sur l'avenir de cet acteur majeur de l'agroalimentaire en France.
Une valse des dirigeants qui s'accélère
La nomination de Xavier Deryde en novembre 2022 avait déjà fait suite à une série de changements à la direction d'Agromousquetaires. Le président Jean-Baptiste Saria avait quitté son poste durant l'été après 3 ans de mandat, tandis que la directrice générale Nathalie Florent annonçait son départ en juillet. Des mouvements qui témoignent d'une certaine fébrilité en interne.
Le départ soudain de Xavier Deryde, ancien patron d'Europe Snacks arrivé pour insuffler une nouvelle dynamique, a donc de quoi surprendre. Selon nos confrères de LSA, sa période d'essai n'aurait pas été concluante. Mais au-delà d'un simple problème de personnes, ce remue-ménage semble surtout refléter les difficultés rencontrées par Agromousquetaires.
Un groupe en pleine restructuration
Depuis plusieurs mois, une restructuration de grande ampleur est à l'œuvre chez Agromousquetaires, même si la direction se refuse à parler de fermetures d'usines. L'objectif affiché par Thierry Cotillard, président des Mousquetaires, est un "recentrage" des activités du groupe, avec notamment des investissements revus à la baisse sur les produits dits "ultra-transformés".
Concrètement, plusieurs sites industriels cherchent un repreneur ou sont en passe d'être cédés. C'est le cas de l'usine Sveltic, spécialisée dans les produits allégés, ou encore de l'unité Cook (surimi) dont la vente a été annoncée. Des arbitrages douloureux et parfois incompris en interne, qui pourraient expliquer en partie les remous au plus haut niveau.
L'avenir du groupe en question
Pour un groupe qui fournit près de la moitié des marques de distributeurs (MDD) des Intermarché, cette valse des dirigeants et cette restructuration tous azimuts soulèvent des questions sur sa stratégie de long terme. Agromousquetaires, qui a réalisé 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2021, peut-il maintenir sa place d'acteur incontournable des MDD en réduisant la voilure ?
Nous devons impérativement gagner en compétitivité et en flexibilité si nous voulons répondre aux attentes de nos clients distributeurs
expliquait Thierry Cotillard en juin dernier.
Mais pour y parvenir, le groupement aura plus que jamais besoin de stabilité et d'une vision claire, portée dans la durée par ses dirigeants. Le prochain directeur général d'Agromousquetaires, dont le nom n'est pas encore connu, aura la lourde tâche de rassurer en interne comme en externe, et de prouver que le groupe a toujours les moyens de ses ambitions.
Car au-delà des inquiétudes sur l'emploi que suscite ce vaste chamboulement, c'est la capacité d'Agromousquetaires à peser face aux géants de l'agroalimentaire qui est en jeu. Entre l'inflation qui pèse sur les marges et la concurrence des MDD étrangères, le défi s'annonce immense. Mais les Mousquetaires ont souvent prouvé par le passé leur capacité à rebondir. Reste à voir s'ils parviendront cette fois à enrayer la valse de leurs dirigeants pour retrouver le chemin de la stabilité et de la croissance.