La valse des investisseurs dans le capital-risque
Quand Keith Rabois a annoncé en janvier qu'il quittait Founders Fund pour retourner chez Khosla Ventures, cela a créé une onde de choc dans l'écosystème du capital-risque. Non seulement parce que Rabois est un grand nom du secteur, mais surtout parce que contrairement à bien d'autres domaines, les investisseurs en capital-risque ne changent traditionnellement pas beaucoup d'entreprise - surtout ceux qui atteignent le niveau de partner ou general partner comme Rabois.
Des raisons de rester, mais un vent de changement en 2024
Les fonds de venture capital ont des cycles de vie de 10 ans et les partners ont de bonnes raisons de rester pour la durée. Dans certains cas, ils peuvent être un "key man" sur le fonds de leur société, ce qui signifie que s'ils partent, les LP du fonds ont le droit de retirer leur capital s'ils le souhaitent. De nombreux partners et GP ont également investi une partie de leur propre argent dans les fonds de leur société, ce qui leur donne une raison supplémentaire de rester.
Pourtant, si les mouvements d'investisseurs de renom ne sont pas monnaie courante dans le venture capital, ils semblent s'être multipliés ces derniers mois. Depuis le début de l'année, on a vu des investisseurs retourner dans leurs anciennes entreprises, se lancer en solo ou faire une pause dans l'investissement.
Les mouvements marquants de 2024
Voici quelques-uns des changements notables :
- Ethan Choi a quitté Accel après 6 ans pour rejoindre Khosla Ventures en mars, où il se concentrera sur les investissements de croissance.
- Alison Stillman, partner fondatrice de Serena Ventures, a annoncé en mai qu'elle se retirait de la société après près de 6 ans à travailler avec la star du tennis Serena Williams.
- Spencer Peterson a quitté Bedrock en juin, où il était partner depuis 5 ans, pour devenir general partner chez Coatue.
D'autres comme Connie Chan (Andreessen Horowitz), Amanda Robson (Cowboy Ventures) ou Vic Singh (Eniac Ventures) ont également annoncé leur départ pour lancer leurs propres fonds ou explorer de nouvelles opportunités.
Le venture capital a toujours été un secteur dynamique, mais la concentration de changements en 2024 est frappante. Cela reflète l'appétit pour de nouvelles approches dans un marché en pleine évolution.
- Sarah Laurier, analyste chez PitchBook
L'impact sur l'écosystème des startups
Ces mouvements au sein des sociétés de venture capital redistribuent les cartes pour les startups en quête de financement. De nouveaux fonds émergent, portés par des investisseurs expérimentés, tandis que les fonds établis doivent parfois réorganiser leurs équipes et leurs stratégies.
Pour les entrepreneurs, c'est l'occasion de pitcher à de nouveaux interlocuteurs et de diversifier leurs options de financement. Mais cela demande aussi de s'adapter à ces changements et de construire de nouvelles relations avec les investisseurs entrants.
Quel avenir pour le capital-risque ?
Malgré cette valse des investisseurs, le capital-risque reste un moteur essentiel de l'innovation. Les mouvements de 2024 reflètent une industrie en mutation, qui cherche à s'adapter aux nouvelles réalités du marché des startups :
- Concurrence accrue pour les deals à fort potentiel
- Montée en puissance de secteurs comme l'IA, la climate tech ou la santé digitale
- Nécessité de se différencier et d'apporter toujours plus de valeur ajoutée aux startups
Dans ce contexte, le jeu des chaises musicales des investisseurs n'est pas près de s'arrêter. Il faudra suivre de près les prochains mouvements pour décrypter les tendances et les équilibres de pouvoir dans le monde du venture capital. Une chose est sûre : les entrepreneurs auront plus que jamais l'embarras du choix !