La voiture électrique chinoise à la conquête de l’Europe

Alors que le Mondial de l'Auto ouvre ses portes à Paris, impossible de passer à côté du phénomène : les constructeurs automobiles chinois débarquent en force sur le marché européen, bien décidés à bousculer la hiérarchie établie. Leur arme fatale ? Des véhicules 100% électriques proposant un excellent rapport prestations/prix. De quoi donner des sueurs froides aux acteurs historiques...

La Chine, futur leader mondial du véhicule électrique ?

S'il y a bien un domaine où l'industrie chinoise excelle, c'est dans la production de batteries. Pas étonnant donc de voir les constructeurs du pays miser à fond sur le véhicule électrique. Des marques comme BYD, NIO ou Xpeng proposent déjà des modèles aux caractéristiques alléchantes :

• Des autonomies de plus de 500 km pour la plupart des modèles.
• Des prix souvent inférieurs de 20 à 30% par rapport à la concurrence, à prestations équivalentes.
• Des designs modernes et une finition en progrès constant.

Leur secret ? La maîtrise de toute la chaîne de valeur, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la fabrication de batteries de dernière génération. Les batteries LFP chinoises offrent ainsi un excellent compromis coût/durée de vie. Shanghaï est devenu le plus grand pôle mondial de production de véhicules électriques.

BYD, le géant qui veut conquérir l'Europe

Fer de lance de cette offensive, BYD (pour "Build Your Dreams") est un mastodonte qui a vendu plus d'1,8 millions de véhicules électriques et hybrides en 2023. Le groupe a prévu d'ouvrir des usines en Europe, notamment en Hongrie. Son modèle phare, la berline Atto 3, affiche 420 km d'autonomie pour un prix de base sous les 40 000€.

Nous voulons devenir un acteur majeur en Europe d'ici 5 ans, en misant sur la qualité et le rapport prestations/prix imbattable de nos modèles.

– Michael Shu, Directeur Europe de BYD

NIO et Xpeng, les « Tesla killers » venus de Chine

NIO et Xpeng font figure d'outsiders ambitieux. Fondés par d'anciens de BMW et Tesla, ces deux constructeurs misent sur les technologies de conduite autonome pour se démarquer. Leurs berlines haut de gamme ET7 et P7 rivalisent avec les Tesla Model S et Model 3 en termes d'autonomie (plus de 600 km), tout en étant moins chères.

NIO mise aussi sur un réseau de stations d'échange de batteries pour réduire les temps de recharge à 5 minutes. De son côté, la P7 de Xpeng embarque un système de conduite autonome de niveau 3, une première pour un modèle de série chinois. Des arguments de poids pour séduire une clientèle européenne exigeante.

Les constructeurs européens contre-attaquent

Face à cette offensive venue d'Asie, les constructeurs historiques européens ne restent pas les bras croisés. Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat...) a prévu d'investir 30 milliards d'euros dans l'électrification de ses gammes d'ici 2025. Volkswagen mise gros sur sa compacte ID.3 et son SUV ID.4 pour contrer les Chinois.

L'arrivée de ces nouveaux acteurs est un défi qui nous oblige à accélérer notre transformation. Mais notre avance technologique et notre savoir-faire industriel restent des atouts majeurs.

– Carlos Tavares, PDG de Stellantis

Renault, de son côté, mise sur sa citadine électrique star, la Zoé, et sa nouvelle Mégane e-Tech pour faire front. Le losange prévoit aussi de produire des voitures électriques abordables en Chine via des partenariats locaux. Une façon de combattre les Chinois sur leur propre terrain.

Vers une redistribution des cartes

Cette bataille autour du véhicule électrique pourrait bien redistribuer les cartes de l'industrie automobile mondiale. Avec des process industriels ultra-compétitifs et des technologies de pointe, la Chine a l'avantage des coûts de son côté. Il faudra toute l'expertise et la force d'innovation des constructeurs européens pour résister.

Une chose est sûre, le consommateur sera le grand gagnant de cette émulation. Avec une offre électrique qui va s'étoffer et devenir plus abordable, la transition vers une mobilité décarbonée n'aura jamais été aussi tangible. Reste à savoir quelle sera la place de chacun dans ce grand chambardement qui ne fait que commencer.