
L’Accord UE-USA Boost les Semi-conducteurs
Imaginez un monde où les puces électroniques, ces minuscules composants au cœur de nos smartphones, ordinateurs et voitures, deviennent un enjeu stratégique entre deux continents. Le 27 juillet 2025, un accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis a secoué l’industrie des semi-conducteurs. À première vue, une taxe de 15 % sur les exportations européennes vers les États-Unis semble être une mauvaise nouvelle. Mais en creusant, on découvre que cet accord pourrait être une aubaine pour certains leaders européens. Comment un secteur aussi stratégique a-t-il transformé un défi en opportunité ? Plongeons dans cette analyse.
Un Accord Commercial à Double Tranchant
L’accord signé le 27 juillet 2025 entre l’Union européenne et les États-Unis marque un tournant pour le commerce transatlantique. Si les droits de douane de 15 % s’appliquent désormais à de nombreux secteurs, dont les semi-conducteurs, des exemptions stratégiques viennent nuancer l’impact pour l’Europe. Les biens d’équipement, essentiels à la fabrication des puces, et certains produits chimiques échappent à ces taxes. Ce choix n’est pas anodin : il reflète une volonté de préserver les acteurs clés d’une industrie cruciale pour l’innovation technologique.
Pourquoi cet accord est-il si important ? Les semi-conducteurs sont le moteur de la transformation numérique. Ils équipent nos appareils du quotidien, des serveurs cloud aux systèmes d’intelligence artificielle. Avec une demande mondiale en hausse, portée par des secteurs comme l’intelligence artificielle et les datacenters, l’Europe, bien que représentant seulement 8 % de la production mondiale de puces, excelle dans les équipements de fabrication. Cet accord pourrait donc renforcer sa position.
ASML : Le Géant Néerlandais en Pole Position
Si un acteur sort gagnant de cet accord, c’est bien ASML. Le leader mondial des machines de photolithographie, technologie clé pour fabriquer des semi-conducteurs, bénéficie pleinement de l’exemption des taxes sur les biens d’équipement. Basée aux Pays-Bas, cette entreprise domine le marché grâce à ses machines capables de graver des circuits microscopiques sur des wafers de silicium. Avec la multiplication des usines de puces aux États-Unis, dopée par les politiques industrielles de l’administration Biden, ASML est en position de force pour répondre à une demande croissante.
« Cet accord est une opportunité pour renforcer notre leadership mondial. Nos machines sont au cœur des usines du futur. »
– Peter Wennink, PDG d’ASML
La demande pour les équipements d’ASML explose, notamment grâce à l’essor de l’intelligence artificielle. Les datacenters, qui consomment des quantités astronomiques de puces, nécessitent des machines toujours plus performantes. En 2024, ASML a vu ses commandes grimper de 30 % par rapport à l’année précédente, selon des rapports industriels. Cet accord, en épargnant ses exportations, lui offre un boulevard pour conquérir de nouveaux marchés aux États-Unis.
D’autres Champions Européens à l’Honneur
ASML n’est pas seul à tirer son épingle du jeu. D’autres entreprises européennes, spécialisées dans les équipements de production de semi-conducteurs, profitent de l’exemption. Parmi elles :
- ASM et Besi (Pays-Bas), leaders dans les équipements d’assemblage et de dépôt de couches minces.
- Aixtron et Suss MicroTec (Allemagne), reconnus pour leurs solutions de fabrication de puces avancées.
- Zeiss (Allemagne), expert en optique pour la lithographie.
- Smart Equipment Technology (SET), une PME savoyarde spécialisée dans l’assemblage de puces, utilisée par Google pour des processeurs quantiques.
Ces entreprises, bien que moins connues du grand public, sont des piliers de l’industrie mondiale des semi-conducteurs. Leur expertise permet à l’Europe de peser lourd dans la chaîne de valeur, même si sa production de puces reste limitée. L’exemption des taxes sur les équipements renforce leur compétitivité face à des concurrents asiatiques et américains.
Produits Chimiques : Air Liquide et les Autres
Un autre aspect méconnu de l’accord concerne les produits chimiques utilisés dans la fabrication des semi-conducteurs. Ces derniers, essentiels pour graver, nettoyer ou déposer des couches sur les wafers, bénéficient également d’exemptions. Pour Air Liquide, géant français des gaz industriels, c’est une aubaine. L’entreprise a investi massivement dans ce secteur, avec un tiers de ses investissements récents dédiés aux semi-conducteurs, selon ses résultats semestriels de 2025.
Air Liquide n’est pas seul. Les allemands BASF et Merck profitent également de cette exemption. Ces entreprises fournissent des gaz et des matériaux chimiques indispensables pour produire des puces toujours plus performantes. En 2024, le marché mondial des produits chimiques pour semi-conducteurs a atteint 40 milliards d’euros, avec une croissance annuelle de 8 %, selon une étude du cabinet McKinsey. L’Europe, grâce à cet accord, conserve un avantage compétitif.
« Les exemptions sur les produits chimiques sont une reconnaissance de notre rôle stratégique dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. »
– Un dirigeant d’Air Liquide, anonyme
Un Impact Limité sur les Exportations Directes
Si l’accord impose des taxes de 15 % sur les exportations de puces européennes vers les États-Unis, l’impact reste limité. Pourquoi ? Parce que les exportations directes de semi-conducteurs depuis l’Europe sont relativement faibles. En 2024, elles représentaient seulement 3 milliards de pièces, selon des données de l’Union européenne. En France, moins d’un tiers des exportations de puces vont directement aux États-Unis, comme l’expliquait Stéphane Martinez, président de l’Acsiel, en avril 2025.
Cela s’explique par la nature mondialisée des chaînes d’approvisionnement. La fabrication des semi-conducteurs se concentre souvent en Asie pour les étapes finales, comme les tests et l’assemblage. Ainsi, les puces européennes passent fréquemment par des usines asiatiques avant d’atteindre les États-Unis, ce qui réduit l’impact direct des taxes douanières.
Un Futur Incertain ? L’Enquête de Trump
Malgré ces avantages, l’industrie européenne des semi-conducteurs reste sur ses gardes. En début d’année 2025, Donald Trump a lancé une enquête sur les dépendances américaines dans les semi-conducteurs. Les résultats, attendus d’ici le 10 août 2025, pourraient bouleverser la donne. Si l’enquête recommande de nouvelles taxes ou des restrictions, l’équilibre actuel pourrait être menacé.
Pour l’instant, l’accord du 27 juillet offre une bouffée d’oxygène aux leaders européens. Mais il souligne aussi la nécessité d’accélérer la relocalisation industrielle en Europe. Des initiatives comme le Chips Act européen, lancé en 2022, visent à doubler la part de l’Europe dans la production mondiale de puces d’ici 2030. Cet accord pourrait être un catalyseur pour atteindre cet objectif.
Pourquoi Cet Accord Change la Donne
En résumé, l’accord commercial entre l’UE et les États-Unis, bien qu’imposant des taxes, est une opportunité déguisée pour l’industrie européenne des semi-conducteurs. Voici les points clés :
- Exemption des taxes sur les biens d’équipement, renforçant des leaders comme ASML.
- Exemption des produits chimiques, bénéfique pour Air Liquide, BASF et Merck.
- Impact limité des taxes grâce à la faible part des exportations directes vers les États-Unis.
- Risque d’un revirement avec l’enquête de Trump, mais opportunité pour la relocalisation.
Cet accord montre que, même dans un contexte de tensions commerciales, l’Europe peut tirer son épingle du jeu. En misant sur ses forces – l’innovation, les équipements et les matériaux stratégiques –, elle consolide sa place dans l’échiquier mondial des semi-conducteurs. Mais pour combien de temps ? L’avenir dépendra des décisions politiques et des investissements des prochaines années.