L’actrice Scarlett Johansson défie OpenAI sur l’IA voice
Imaginez si l'intelligence artificielle pouvait parfaitement imiter la voix d'une célébrité, sans son consentement. C'est le scénario qui semble se dérouler entre l'actrice Scarlett Johansson et la compagnie d'IA OpenAI, connue pour ses modèles de langage avancés comme GPT-4. L'actrice apporte des preuves troublantes dans cette controverse éthique et légale sur l'utilisation des voix par l'IA.
Une voix IA très familière pour Johansson
Tout a commencé quand OpenAI a lancé GPT-4o, son nouveau modèle d'IA conversationnelle. Parmi les voix proposées, une dénommée "Sky" a immédiatement attiré l'attention. De nombreux utilisateurs ont remarqué une similitude frappante avec la voix de Scarlett Johansson, en particulier son personnage d'IA dans le film "Her".
Suite à ces réactions, OpenAI a rapidement retiré la voix Sky de GPT-4o. Mais Johansson ne compte pas en rester là. L'actrice a engagé des avocats pour enquêter sur la façon dont cette voix IA a été développée, soupçonnant qu'OpenAI se soit basé sur ses enregistrements sans autorisation.
OpenAI nie, Johansson persiste
Dans un communiqué, OpenAI affirme que la voix Sky n'a pas été créée à partir de celle de Johansson. Mais l'actrice ne semble pas convaincue. Elle révèle qu'OpenAI l'avait approchée par le passé pour utiliser sa voix dans leurs modèles d'IA, ce qu'elle avait refusé. Johansson soupçonne donc que l'entreprise ait pu passer outre son refus.
La propriété intellectuelle d'un artiste, y compris sa voix, ne devrait pas pouvoir être utilisée sans son consentement. C'est une question de droits humains fondamentaux.
– Déclaration de Scarlett Johansson
Des enjeux éthiques et légaux complexes
Ce cas soulève de nombreuses questions sur l'utilisation des données personnelles, en particulier biométriques comme la voix, par les entreprises d'intelligence artificielle. Même si la technologie le permet, est-il éthique de cloner une voix sans accord? Quels sont les droits des personnes sur leur voix et leur image?
Légalement, la situation est encore floue et varie selon les pays. Aux États-Unis, il n'y a pas de loi fédérale sur les droits biométriques, mais certains États comme l'Illinois ont des règles plus strictes. En Europe, le RGPD apporte une protection générale des données personnelles. Mais l'IA évolue souvent plus vite que la loi.
Pour Johansson, au-delà des questions juridiques, c'est un enjeu de respect de la personne et de son travail artistique. La voix d'un acteur est un instrument unique qu'il ou elle développe durant toute sa carrière. Permettre à une IA de s'en emparer sans contrôle revient à une forme d'appropriation.
Vers plus de transparence et de régulation ?
Le cas Johansson-OpenAI illustre le besoin de plus de transparence et potentiellement de régulation sur l'entraînement des IA, en particulier quand des données sensibles comme la voix sont impliquées. On peut imaginer l'obligation pour les entreprises d'obtenir un consentement explicite et d'informer sur l'utilisation prévue.
En parallèle, les acteurs et autres célébrités pourraient renforcer le contrôle sur leur voix et leur image, via des contrats et des recours juridiques si nécessaire. Ils pourraient aussi envisager de collaborer avec des entreprises d'IA de manière encadrée, pour guider l'utilisation éthique de leurs données.
Enfin, un débat public sur les enjeux de l'IA semble essentiel. Comme le montre l'exemple de Johansson, cette technologie soulève des défis inédits qui nous concernent tous. Il est important que citoyens, experts, entreprises et décideurs réfléchissent ensemble aux garde-fous nécessaires pour une IA éthique et respectueuse des personnes.
