L’alcool en vol long-courrier : un risque pour le cœur
Qui n'a jamais été tenté de prendre un verre pour mieux dormir lors d'un long voyage en avion ? Une étude menée conjointement par l'Institut de Médecine Aérospatiale du Centre Aérospatial Allemand (DLR) et l'Université RWTH d'Aix-la-Chapelle révèle que cette habitude, pourtant répandue, n'est pas sans danger pour la santé cardiaque des passagers, même jeunes et en pleine forme.
L'alcool et l'altitude : un cocktail périlleux pour le cœur
Les chercheurs ont voulu étudier les effets combinés de la consommation d'alcool et des conditions de pression en cabine sur la saturation en oxygène du sang (SpO2), le rythme cardiaque et le sommeil des passagers. Car si l'altitude élevée et l'alcool ont chacun des impacts connus sur ces paramètres, leur interaction n'avait jusqu'ici pas été examinée.
48 participants en bonne santé âgés de 18 à 40 ans ont été répartis aléatoirement en deux groupes. Le groupe témoin a dormi dans des conditions normales de pression et d'oxygénation. Le groupe "Vol" a passé la nuit dans un compartiment simulant la pression en cabine à une altitude de croisière de 8000 pieds (2400 m). La moitié des sujets de chaque groupe avaient bu de l'alcool (l'équivalent de 2 bières) avant de se coucher.
Des taux d'oxygène préoccupants
Les résultats sont édifiants. L'exposition simultanée à l'alcool et à la pression d'altitude a fait chuter la SpO2 moyenne à 85,32%, bien en dessous du seuil d'hypoxie de 90%, et ce pendant 201 minutes en moyenne. Le rythme cardiaque grimpait parallèlement à 87 battements par minute (bpm) en moyenne.
Des doses plus élevées d'alcool pourraient amplifier ces effets observés, augmentant potentiellement le risque de complications pour la santé et d'urgences médicales en vol.
Extrait de l'étude publiée dans Thorax
Un risque sous-estimé, des réglementations à revoir
Si les jeunes sujets en bonne santé de l'étude subissent de tels effets, les conséquences pourraient être encore plus préoccupantes pour des passagers plus âgés ou ayant des problèmes médicaux préexistants. Les auteurs alertent :
Les passagers, le personnel navigant et les professionnels de santé devraient être informés de ces risques potentiels. Il serait bénéfique d'envisager une modification des réglementations pour restreindre l'accès aux boissons alcoolisées à bord des avions.
Cette étude pionnière pointe du doigt un risque méconnu et sous-estimé qui touche pourtant un grand nombre de voyageurs. De quoi inciter les compagnies aériennes et les autorités à revoir les conditions de service d'alcool en vol, pour le bien de tous les passagers. En attendant, la prudence reste de mise pour ceux qui veulent prendre de l'altitude sans danger pour leur cœur.