L’Allemagne Bannit Huawei et ZTE de son Réseau 5G pour des Raisons de Sécurité
Un vent de méfiance souffle sur les équipementiers télécoms chinois en Occident. Après plusieurs mois de négociations avec ses opérateurs, l'Allemagne a annoncé qu'elle allait progressivement bannir les technologies 5G de Huawei et ZTE de ses réseaux. Une décision motivée par des craintes d'espionnage et de sabotage qui marque un changement de cap de Berlin vis-à-vis de la Chine.
Les composants Huawei et ZTE interdits d'ici 2029
D'ici fin 2026, les technologies des deux groupes chinois seront exclues du cœur du réseau 5G allemand qui achemine et contrôle les appels. Les opérateurs Deutsche Telekom, Telefónica et Vodafone auront ensuite jusqu'à fin 2029 pour retirer les équipements d'accès et de transport comme les antennes et lignes de transmission.
Cet accord de sortie progressive a été conclu entre le gouvernement et les opérateurs. Une période de transition jugée nécessaire au vu de la place centrale occupée par Huawei et ZTE, qui détenaient 59% de parts de marché sur la 5G allemande en 2022 selon le cabinet Strand Consult.
Une décision motivée par des risques de sécurité
Pour justifier ce bannissement, le gouvernement allemand invoque des "dangers de sabotage et d'espionnage" de la part des fournisseurs chinois. Il souhaite passer à une "infrastructure de télécommunications sûre et résiliente" avec des "fabricants dignes de confiance".
"Nous devons réduire les risques pour la sécurité et, contrairement au passé, éviter les dépendances. Nous protégeons ainsi le système nerveux de l'Allemagne en tant que place économique, ainsi que la communication des citoyens, de l'entreprise et de l'État."
Nancy Faeser, ministre allemande de l'Intérieur
De leur côté, Huawei et la Chine critiquent une décision "sans preuve de risque" qui "politise" et "restreint les marchés", nuisant aux échanges entre les deux pays.
Berlin sous pression de Washington et Bruxelles
Par ce revirement, l'Allemagne rompt avec la position conciliante de l'ex-chancelière Angela Merkel. Elle cède ainsi à la pression des États-Unis, qui durcissent les sanctions contre la Chine et ont interdit dès 2019 la vente d'équipements de Huawei et ZTE.
En mai dernier, Washington a mis fin aux licences d'exportation de semi-conducteurs vers Huawei. Un mois plus tard, la Commission européenne a appelé les 27 États membres à exclure les équipements des deux groupes chinois, jugés à "haut risque".
La France sur la même voie avec un sursis jusqu'en 2031
Le Royaume-Uni a banni Huawei dès 2020, interdisant tout nouvel achat et visant un retrait total d'ici 2027. En France, une loi de 2019 impose de fortes restrictions aux équipements du groupe chinois, notamment près de sites sensibles.
Si les opérateurs français devaient initialement abandonner toute antenne 5G Huawei d'ici 2028, un sursis a été accordé à SFR et Bouygues Telecom jusqu'en 2031. Les risques d'espionnage priment donc désormais sur les enjeux commerciaux dans l'approche européenne vis-à-vis des géants tech chinois.