L’alliance convenience entre OpenAI et les géants de l’édition
L'IA générative bouscule de nombreux secteurs et les médias n'y échappent pas. Les récents partenariats entre OpenAI, star de l'IA, et les géants de la presse comme News Corp, soulèvent autant d'espoirs que d'interrogations sur l'avenir du journalisme à l'ère des intelligences artificielles. Décryptage d'une alliance de circonstance aux enjeux cruciaux.
News Corp et OpenAI, le mariage de raison
Le groupe de presse News Corp a récemment annoncé un accord "historique et pluriannuel" avec OpenAI. Au menu : la formation de modèles d'IA sur les contenus du Wall Street Journal, du Financial Times ou encore de MarketWatch; et le droit pour OpenAI d'afficher les logos de ces médias dans ses applications comme ChatGPT pour les réponses tirées de leurs articles.
Un partenariat gagnant-gagnant en apparence. News Corp engrange un pactole bienvenu de plus de 250 millions de dollars alors que le secteur traverse une crise sans précédent, accentuée par la crainte de perdre en visibilité avec l'essor de l'IA générative. De son côté, OpenAI calme le jeu sur le front des litiges autour des droits d'auteurs liés à l'entraînement des IA.
Le piège des accords à durée limitée
Mais ces deals ont une date de péremption. Sam Altman, CEO d'OpenAI, laisse d'ailleurs entendre que l'importance des données d'entraînement va décroître avec le perfectionnement des IA. "Quand les modèles deviendront assez intelligents, à un certain stade, il ne s'agira plus d'avoir plus de données", argue-t-il. Une vision qui relègue les éditeurs au rang de partenaires de court terme et soulève la question de leur sort une fois leurs archives entièrement moissonnées.
L'éthique en question
Outre l'aspect purement commercial, ces collaborations interrogent sur le plan éthique. Quel impact sur la diversité et la qualité de l'information si les contenus sont optimisés pour l'IA et sa logique de rentabilité ? Quid de la propriété intellectuelle et de la juste rémunération des auteurs ? Autant de zones d'ombre à éclaircir pour construire une relation IA-médias équilibrée et pérenne.
Vers des solutions alternatives ?
Face à ces écueils, certains prônent des modèles plus vertueux. Plutôt que de se jeter dans les bras des géants de la tech, les médias pourraient unir leurs forces pour créer leurs propres IA éthiques. Ou miser sur des partenariats plus transparents avec des acteurs de l'IA responsable. Des pistes à creuser pour ne pas hypothéquer leur avenir sur l'autel des profits de court terme.
"L'enjeu est de passer d'une logique d'exploitation des données à une logique de coopération avec les médias."
François Pellegrini, Professeur d'informatique spécialiste de l'IA
L'avenir du journalisme en jeu
Indéniablement, l'IA va transformer en profondeur le journalisme et son modèle économique. Mais les médias ont encore une carte à jouer pour ne pas se faire ubériser. En innovant, en valorisant leur expertise et en nouant des alliances intelligentes avec la tech. Bref, en reprenant la main sur leur destin à l'heure de l'intelligence artificielle, pour façonner un écosystème plus durable et plus éthique. Un défi titanesque mais incontournable pour la survie d'une presse libre et de qualité.
L'alliance OpenAI-éditeurs est symptomatique des bouleversements à l'oeuvre. Si elle offre une bouffée d'oxygène financière bienvenue aux médias, elle ne doit pas occulter les risques d'une dépendance accrue à des acteurs motivés avant tout par leurs intérêts propres. Aux éditeurs de jouer finement pour tirer leur épingle d'un jeu qui ne fait que commencer mais dont l'issue façonnera le visage de l'information de demain. Un tournant crucial à ne pas manquer pour ne pas se retrouver relégués au rang de simples fournisseurs de contenus jetables.