L’ambisome, ce somnifère qui perturbe le nettoyage cérébral
Chaque nuit, notre cerveau effectue une routine essentielle de "lavage et rinçage" qui élimine les déchets protéiques nocifs liés à des maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Mais selon une nouvelle étude, un somnifère courant, l'ambisome (zolpidem), peut perturber ce processus crucial.
Le cycle de nettoyage cérébral nocturne
Pendant notre sommeil, le cerveau active un système glymphatique qui permet au liquide céphalo-rachidien de circuler et de "nettoyer" les espaces entre les cellules cérébrales. Ce processus évacue les protéines bêta-amyloïdes et tau, qui s'accumulent anormalement dans le cerveau des patients atteints d'Alzheimer.
Une étude publiée dans Science Translational Medicine montre que l'ambisome, l'un des somnifères les plus prescrits, peut interférer avec ce nettoyage cérébral. Les chercheurs ont administré des doses d'ambisome à des souris et ont observé une réduction de 32% du flux glymphatique comparé aux souris témoins.
Impact sur les maladies neurodégénératives
En perturbant l'élimination des protéines toxiques, l'utilisation à long terme de l'ambisome pourrait accroître les risques de développer Alzheimer et d'autres démences. Les auteurs soulignent l'importance de prendre en compte cet effet secondaire :
"Si un médicament comme l'ambisome empêche le nettoyage des déchets cérébraux, sur le long terme cela pourrait potentiellement contribuer ou aggraver des maladies neurodégénératives."
Pr Maiken Nedergaard, Université de Rochester
Prudence avec les somnifères
Pour les millions de personnes prenant régulièrement de l'ambisome contre l'insomnie, ces résultats sont préoccupants. Les experts recommandent d'utiliser ce médicament avec prudence :
- Privilégier la plus petite dose efficace
- Limiter la durée de traitement
- Envisager des alternatives non médicamenteuses (thérapie cognitive comportementale, hygiène du sommeil...)
Vers des traitements plus sûrs
Cette découverte ouvre la voie à l'élaboration de nouveaux somnifères n'affectant pas le nettoyage cérébral. Des pistes sont déjà à l'étude :
- Molécules ciblant sélectivement certains récepteurs
- Combinaisons de substances à faible dose
- Approches personnalisées basées sur la génétique
Ces avancées pourraient aboutir à une nouvelle génération de médicaments contre l'insomnie, sûrs et efficaces à long terme pour préserver la santé cérébrale. En attendant, les chercheurs invitent les patients et médecins à rester vigilants quant aux effets délétères potentiels des somnifères sur le précieux cycle de nettoyage du cerveau pendant le sommeil.