L’Amérique face aux nouveaux médicaments amaigrissants
« Tu as vu comme j'ai maigri ? C'est grâce au nouveau médicament, le Semaglutide. Tout le monde en prend ici ! ». Aux États-Unis, ces conversations étaient devenues banales en 2023, témoignant de l'engouement soudain pour cette nouvelle classe de traitements injectables contre l'obésité et le diabète. Mais un an plus tard, l'enthousiasme semble déjà retombé, de nombreux patients arrêtant leur traitement de façon précoce. Un phénomène inquiétant au vu de l'ampleur de l'épidémie d'obésité outre-Atlantique.
L'obésité, un fléau américain
Avec plus de 40% d'adultes en surpoids ou obèses dans tous les États, l'Amérique fait face à un problème de santé publique majeur qui ne cesse de s'aggraver. Selon une étude publiée dans The Lancet, la prévalence pourrait même dépasser 80% chez les hommes et les femmes d'ici 2050. L'obésité augmente les risques de maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité dans le pays.
Le Semaglutide, une révolution thérapeutique
Dans ce contexte, l'arrivée sur le marché de nouveaux traitements très efficaces contre l'obésité a suscité un immense espoir. Le Semaglutide, commercialisé sous les noms Ozempic et Wegovy, permet une perte de poids rapide et réduit les risques cardiovasculaires, y compris chez les non-diabétiques. Une étude a montré une réduction de 20 à 25% des évènements cardiovasculaires.
Un engouement massif mais de courte durée
En juillet 2023, un sondage révélait que près de la moitié des Américains seraient intéressés par ces traitements. Mais cet enthousiasme est vite retombé : ils n'étaient plus que 14% en apprenant que le poids risquait de revenir à l'arrêt du médicament. En mai 2024, 12% des adultes déclaraient avoir pris un médicament de ce type, mais seulement 6% continuaient.
Les taux ahurissants d'arrêt des agonistes du GLP-1 devraient sonner l'alarme pour les médecins, les décideurs et les experts de santé publique.
– Dr Sadiya Khan, Northwestern University
Les raisons de cet abandon
Une étude publiée dans le JAMA Network a analysé les données de près de 200 000 patients entre 2021 et 2023. Le taux d'arrêt à 12 mois atteignait 36,5% en moyenne, et même 50% chez les patients obèses non diabétiques. Le coût élevé des traitements, malgré une prise en charge partielle par les assurances, semble être un frein majeur. L'idée que l'obésité serait un problème ponctuel et non une maladie chronique jouerait aussi.
Pourtant, comme le souligne le Dr Khan, ces médicaments révolutionnent la prise en charge de l'obésité et du diabète. Leur prescription doit donc s'inscrire dans la durée pour avoir un impact sur la santé cardiovasculaire des patients. Un accompagnement renforcé semble nécessaire pour augmenter l'adhésion aux traitements et éviter les rechutes.
Des mesures de santé publique indispensables
Au-delà de l'aspect médical, une réflexion de fond doit être menée sur les causes profondes de l'épidémie d'obésité aux États-Unis. Les inégalités socio-économiques, la malbouffe omniprésente, le manque d'activité physique sont autant de facteurs sur lesquels il faut agir en parallèle des traitements. Des campagnes de prévention, une meilleure éducation nutritionnelle, un accès facilité à une alimentation saine et à des infrastructures sportives seront essentiels pour endiguer ce fléau.
Les nouveaux traitements comme le Semaglutide représentent un immense espoir dans la lutte contre l'obésité et ses complications. Mais leur efficacité ne pourra être optimale qu'avec une prise en charge globale et pérenne des patients, associant suivi médical rapproché, soutien psychologique et mesures de santé publique ambitieuses. Un défi de taille pour enrayer une tendance inquiétante et offrir un avenir plus sain aux générations futures.