L’année où le « quiet quitting » des dirigeants s’est fait entendre
L'année 2024 a été marquée par une vague sans précédent de changements à la tête des entreprises technologiques canadiennes. Près de 50 PDG ont été remplacés, sans compter les innombrables autres changements au niveau des suites exécutives. Un phénomène qui a touché les sociétés de toutes tailles, des start-ups aux géants établis. Mais que nous apprend cette tendance sur l'évolution de l'industrie tech au Canada ? Et quelles leçons les fondateurs peuvent-ils en tirer pour construire des équipes de direction adaptées à ce nouvel environnement ?
Un marché mature aux attentes plus élevées
Selon les experts, cette vague de changements reflète avant tout la maturité croissante du marché technologique canadien. Après une décennie de croissance effrénée portée par un capital-risque abondant, l'industrie entre dans une phase plus exigeante, où la performance et les résultats priment.
Il y a toute une génération de PDG qui n'a jamais connu de ralentissement économique.
Mark MacLeod, coach pour dirigeants de start-up
Dans un environnement macroéconomique difficile, les fondateurs font face à des cycles de levée de fonds plus ardus que jamais. La prudence est de mise du côté des investisseurs, confrontés eux-mêmes à une année 2024 qui s'annonce comme la pire décennie en termes de collecte.
La fin de la course à la croissance à tout prix
Avec moins de capital disponible et une marge d'erreur réduite, les entreprises technologiques canadiennes se concentrent désormais sur des critères de performance stricts. Fini la course à la croissance sans rentabilité. Les dirigeants sont jugés sur leur capacité à atteindre des objectifs précis avec des équipes resserrées.
Un changement culturel qui se traduit par des attentes plus élevées envers les dirigeants, selon Nora Jenkins Townson, fondatrice et PDG du cabinet de RH Bright + Early. Les conseils d'administration favorisent maintenant des profils capables de responsabiliser les équipes vis-à-vis de la réalisation des objectifs.
S'adapter à un rôle en constante évolution
Mais attention, cela ne signifie pas que les temps sont mauvais pour entreprendre, même si les taux d'entrepreneuriat sont en baisse selon la BDC. Les fondateurs doivent surtout être prêts à construire des suites exécutives dynamiques, capables de s'adapter à un environnement économique changeant.
Chaque année, il faut jeter sa description de poste et la réécrire en fonction de ce que l'on peut apporter à l'entreprise.
Dax Dasilva, Lightspeed
Car c'est un autre enseignement clé de cette vague de changements : le rôle d'un dirigeant de start-up évolue considérablement au fil des étapes de développement. Un tour de table de démarrage ne requiert pas le même leadership qu'une expansion internationale.
Briser le tabou de l'échec entrepreneurial
Enfin, cette vague de transitions met en lumière le besoin de mieux accompagner les dirigeants dans un rôle plus solitaire et éprouvant que jamais. Plusieurs témoignages soulignent le besoin de "recharger les batteries" ou qualifient le changement de "saut dans l'inconnu émotionnel".
Pour Mark MacLeod, une piste serait de construire des réseaux de soutien valorisant l'honnêteté plutôt que la bravade. Car si l'industrie technologique canadienne a gagné en maturité, elle doit aussi apprendre à mieux gérer l'échec entrepreneurial et ses impacts humains.
- Vague de changements à la direction des entreprises technologiques canadiennes en 2024
- Reflet d'un marché plus mature avec des attentes de performance accrues
- Besoin pour les fondateurs de s'adapter et de construire des équipes de direction dynamiques
- Importance de briser le tabou de l'échec et de mieux soutenir les dirigeants