L’AOP Camembert de Normandie Triomphe face aux Imitations

Amateurs de camembert, réjouissez-vous ! La cour administrative d'appel de Nantes vient de rendre un arrêt capital pour la défense de l'authenticité de ce fleuron du patrimoine fromager français. Désormais, seuls les camemberts bénéficiant de l'appellation d'origine protégée (AOP) et donc élaborés au lait cru pourront arborer fièrement sur leurs étiquettes la mention tant convoitée de « Normandie ».

Un long combat pour préserver l'âme du camembert

Depuis des années, une bataille fait rage entre les industriels produisant du camembert pasteurisé et les artisans défenseurs de la tradition normande du lait cru. Ces derniers dénoncent l'utilisation abusive de références à la Normandie par les géants laitiers, qui induirait les consommateurs en erreur quant à l'origine et la qualité du camembert qu'ils achètent.

Les étiquettes des camemberts industriels regorgent en effet d'évocations explicites ou allusives au terroir normand, de la simple mention "fabriqué en Normandie" aux blasons régionaux en passant par les slogans bucoliques vantant un "bon lait de fermes normandes". Une façon de surfer sur la réputation d'excellence de l'AOP sans en respecter le cahier des charges ultra-exigeant, et notamment l'obligation d'utiliser du lait cru.

La DGCCRF et l'INAO remportent la partie

En première instance, le tribunal administratif de Caen avait donné raison aux industriels qui contestaient les injonctions de la DGCCRF leur demandant de cesser cette pratique considérée comme trompeuse. Mais en appel, la cour de Nantes a finalement tranché en faveur de l'administration et de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), garants du respect des AOP.

Les mentions et références à la Normandie sont de nature à laisser penser à tort au consommateur que le camembert en question respecte le cahier des charges très exigeant du « Camembert de Normandie ».

Cour administrative d'appel de Nantes

Des contrefaçons sanctionnées, l'AOP confortée

Pour l'organisme de défense et de gestion (ODG) du camembert de Normandie et le Conseil national des appellations d'origine laitières (CNAOL), cet arrêt constitue une victoire décisive dans la lutte contre "la grande majorité des contrefaçons" qui parasitent l'appellation. La justice confirme que les entreprises doivent cesser de tromper le consommateur et respecter le droit des AOP.

• Désormais, plus question d'imiter l'AOP Camembert de Normandie sans en faire partie
• Les industriels devront retirer toute référence à la Normandie de leurs étiquettes
• Seul le véritable camembert au lait cru pourra revendiquer son origine normande

Une clarification bénéfique pour les consommateurs

En posant des "lignes rouges" claires, cet arrêt devrait mettre fin à la confusion entretenue chez de nombreux consommateurs, qui pensaient acheter un camembert au lait cru de Normandie alors qu'il s'agissait en réalité d'un fromage pasteurisé aux liens très distendus avec sa région d'origine supposée. Une transparency salutaire pour guider les choix des amateurs de camembert et valoriser le travail des producteurs engagés dans la démarche AOP.

Nous appelons les entreprises concernées à s'adapter dans le respect du droit en cessant d'imiter l'AOP qu'elles n'ont pas souhaité rejoindre.

David Aubrée, président de l'ODG Camembert de Normandie

Quelques exceptions "historiques" maintenues

Malgré la portée de cet arrêt, deux marques commercialisant des camemberts pasteurisés pourront continuer à utiliser la mention "Normandie" : Le Père Normand de Savencia et Le Fameux Normand de Lactalis. La raison ? Ces marques étaient déjà déposées avant l'enregistrement officiel de l'AOP en 1994. Une exception qui ne remet pas en cause le principe général posé par la cour.

Au final, c'est bien la logique du terroir et de la qualité qui l'emporte sur les stratégies de communication opportunistes. En sanctionnant les contrefaçons, la justice conforte non seulement l'AOP camembert de Normandie, mais aussi la crédibilité de l'ensemble des appellations qui font la fierté et la richesse des terroirs français. Une avancée majeure pour récompenser l'engagement des filières dans des démarches d'excellence et redonner du sens aux étiquettes dans l'intérêt des consommateurs.