L’Ascension Fulminante des eSIM en 2025

Imaginez arriver dans un pays étranger, allumer votre téléphone et être immédiatement connecté, sans chercher un magasin pour acheter une carte SIM locale. Plus de petite carte plastique à insérer, plus de risque de la perdre. Cette réalité, longtemps promise, devient enfin concrète grâce à la montée en puissance des eSIM. En 2025, cette technologie intégrée directement dans nos appareils connaît une accélération impressionnante.

Pourquoi les eSIM décollent enfin en 2025

La technologie eSIM existe depuis plus de dix ans, mais son adoption restait timide. L'an dernier, à peine 3 % des utilisateurs mobiles dans le monde l'utilisaient. Cette année, ce chiffre franchit la barre des 5 %. Une progression modeste en apparence, mais qui cache une dynamique puissante, portée par deux moteurs principaux : les voyages internationaux et l'évolution rapide des smartphones compatibles.

Les analystes et investisseurs sont unanimes : la courbe va s'accélérer fortement dans les prochaines années. Les startups spécialisées dans les eSIM lèvent des fonds records et multiplient leurs clients. Derrière cette effervescence, des changements concrets dans l'industrie du mobile.

L'explosion de la compatibilité des appareils

Le premier déclencheur vient des fabricants de smartphones. Les premiers modèles compatibles eSIM sont apparus fin 2017 avec le Pixel 2 de Google et l'iPhone XR d'Apple. Mais la vraie révolution a commencé en 2022, quand Apple a supprimé le port physique pour les modèles vendus aux États-Unis.

En 2025, la tendance s'amplifie. Apple lance l'iPhone Air exclusivement eSIM et propose des versions sans slot physique dans plus de onze pays. Google emboîte le pas avec le Pixel 10. Résultat : une légère gain de batterie et un design plus épuré.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2024, seulement 23 % des smartphones vendus intégraient l'eSIM. Les États-Unis dominaient avec 41 % des nouveaux appareils compatibles. Mais 2025 marque un tournant : plus de soixante modèles eSIM voient le jour rien qu'au premier semestre.

Le marché chinois, gigantesque, pourrait tout changer. Après quelques ajustements techniques, les opérateurs chinois supportent désormais l'eSIM. Les géants locaux comme Huawei, Xiaomi, Oppo et Vivo devraient rapidement étendre cette fonctionnalité à leurs gammes moyennes et entrée de gamme.

« Quand les marques chinoises verront que les opérateurs locaux proposent l'eSIM, elles l'intégreront probablement sur une plus large gamme de smartphones, y compris les modèles milieu et bas de gamme. »

– Pablo Iacopino, analyste GSMA

Cette démocratisation touche les marchés sensibles au prix en Asie et en Afrique. Progressivement, l'eSIM ne sera plus réservée aux flagships premium.

Le voyage, catalyseur inattendu mais puissant

Le deuxième moteur de croissance est plus surprenant : le tourisme international. Plus de la moitié des utilisateurs eSIM l'activent pour la première fois en voyage. Acheter un forfait local en quelques clics, sans changer de carte physique, séduit les voyageurs fréquents.

La sécurité renforce cet attrait. Les eSIM sont liées à des éléments matériels sécurisés, rendant leur manipulation beaucoup plus difficile que les cartes physiques traditionnelles.

Cette expérience positive pendant les vacances incite ensuite de nombreux utilisateurs à basculer définitivement vers l'eSIM à leur retour.

« Les gens découvrent souvent l'eSIM en voyage. S'ils apprécient l'expérience, ils rentrent chez eux et demandent à leur opérateur de passer à l'eSIM. »

– Pablo Iacopino, GSMA

Les chiffres confirment cette tendance. Environ 15 % de la connectivité en voyage passe désormais par des eSIM, et ce pourcentage grimpe rapidement.

Les startups qui surfent sur la vague

Ce boom profite surtout aux jeunes entreprises spécialisées. Airalo, Holafly, Nomad, Truely, ou encore la nouvelle venue Saily de Nord Security, enregistrent une croissance spectaculaire.

Airalo domine le marché. Active depuis six ans, l'application revendique avoir introduit l'eSIM à des millions de voyageurs. Un sondage interne révèle que 85 % de ses utilisateurs étaient des novices en la matière.

« Une fois que les utilisateurs découvrent comment obtenir facilement une connexion avec une eSIM, ils ne veulent plus revenir à l'ancienne méthode. »

– Bahadir Ozdemir, CEO d'Airalo

Holafly annonce avoir vendu plus de quinze millions d'eSIM depuis 2018, avec un chiffre d'affaires dépassant les 500 millions de dollars, dont 200 millions rien qu'en 2024.

Truely, de son côté, a accompagné plus de 70 000 voyageurs en deux ans et double ses commandes annuellement. Saily atteint déjà les sept chiffres en nombre d'utilisateurs quelques mois après son lancement.

Le point culminant reste la levée de fonds d'Airalo : 220 millions de dollars en juillet 2025, propulsant la startup au statut de licorne. Un signal fort pour tout l'écosystème.

L'intérêt croissant des investisseurs

Les fonds de capital-risque suivent le mouvement. À court terme, les paris se concentrent sur les solutions orientées voyage. Mais certains anticipent déjà une extension vers les marchés domestiques.

Les investisseurs recherchent des modèles durables, avec une forte fidélisation client et des partenariats stratégiques (compagnies aériennes, banques, applications de voyage).

La consolidation semble inévitable à moyen terme. Seules les entreprises capables de proposer une couverture de qualité, une expérience utilisateur fluide et une stratégie marketing efficace survivront.

Les freins qui persistent encore

Malgré cet enthousiasme, des obstacles subsistent. Le premier est éducatif : beaucoup ignorent simplement ce qu'est une eSIM.

Le processus d'installation reste parfois laborieux. Recevoir un QR code par email nécessite souvent un second appareil pour le scanner, ce qui complique les choses à l'arrivée dans un pays étranger.

Du côté des opérateurs traditionnels, les systèmes hérités freinent la transition. Passer à un processus entièrement numérique, sans visite en boutique, demande du temps et des investissements.

Cependant, la pression monte. Avec l'apparition de modèles exclusivement eSIM, les consommateurs seront progressivement forcés de s'y familiariser.

Vers une adoption massive d'ici 2030

Les prévisions sont optimistes. Le taux d'activation sur les appareils compatibles, actuellement autour de 30 %, pourrait atteindre 75 % d'ici 2030 selon Kaleido Intelligence.

L'arrivée massive de smartphones chinois abordables avec eSIM, combinée à l'expérience positive des voyageurs, devrait créer un effet boule de neige.

Les eSIM représentent l'avenir de la connectivité mobile : plus pratique, plus sécurisée, plus écologique aussi en supprimant les cartes plastiques. Leur ascension en 2025 n'est que le début d'une transformation profonde du secteur.

Si vous voyagez régulièrement ou envisagez de changer de smartphone, il est peut-être temps de vous intéresser de plus près à cette technologie qui s'impose doucement mais sûrement.

La question n'est plus de savoir si les eSIM vont dominer le marché, mais à quelle vitesse cette transition va s'opérer. Une chose est certaine : 2025 marque un tournant décisif.