L’avenir d’Atos suspendu à une reprise après le retrait d’Onepoint
Le feuilleton du rachat d'Atos connaît un nouveau rebondissement. Alors que le consortium mené par Onepoint semblait tenir la corde pour reprendre l'ex-fleuron français en difficulté, coup de théâtre : David Layani, le fondateur d'Onepoint, a annoncé le retrait de son groupe de la table des négociations. Une décision lourde de conséquences pour l'avenir d'Atos, dont la situation financière est des plus précaires.
Onepoint lâche l'affaire, Atos dans l'impasse
Le 11 juin dernier, le consortium Onepoint, Butler Industries et Econocom avait été sélectionné par Atos pour mener à bien sa restructuration, plombé par une dette de près de 5 milliards d'euros. Mais l'entrepreneur David Layani a dû se résoudre à jeter l'éponge, ses deux principaux partenaires financiers, Butler Industries et Econocom, ayant fait faux bond.
Cette défection soudaine replonge Atos dans l'incertitude la plus totale. Le plan de sauvetage proposé par Onepoint, qui prévoyait notamment une lourde conversion de dette en capital et un apport de 1,5 milliard d'euros, semblait pourtant en bonne voie. Las, le retournement de veste des soutiens de David Layani redistribue les cartes et laisse Atos dans une situation plus que jamais précaire.
Des négociations tendues avec les créanciers
Dans l'immédiat, la priorité pour Atos est de parvenir à un accord avec ses créanciers obligataires, réunis au sein d'un comité ad hoc (le "SteerCo"), à qui l'essentiel de la dette est dû. Des tractations sont en cours afin d'assurer la liquidité du groupe à court terme. Atos se donne jusqu'à la fin de la semaine pour arracher un deal.
En parallèle, le groupe IT a confirmé la poursuite des discussions avec les banques, en vue de trouver une solution pérenne. Mais le temps presse : la date butoir pour boucler un accord de restructuration est fixée à fin juillet. Au-delà, Atos pourrait être confronté à de graves difficultés, jusqu'à la cessation de paiement.
Daniel Kretinsky, l'homme providentiel ?
C'est dans ce contexte plus qu'incertain qu'un acteur inattendu a refait surface : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Écarté dans un premier temps, le patron du fonds EP Equity Investment s'est fendu d'un courrier pour rappeler son intérêt et sa disponibilité pour participer au sauvetage d'Atos.
Sa proposition, révisée dans un sens moins favorable - 3,4 milliards d'euros de dette effacée contre 4 milliards initialement - dépasse néanmoins les exigences d'Atos qui table sur une réduction de 3,2 milliards d'euros. Mais là encore, rien n'est acquis : Daniel Kretinsky devra composer avec les créanciers, véritable clé de voûte du dossier.
Les discussions se poursuivent avec le comité représentatif des créanciers obligataires et certaines banques, en vue de parvenir à un accord dans les meilleurs délais.
– Communiqué Atos
Trouver un terrain d'entente avec le SteerCo sera crucial pour espérer une issue positive. Car pour l'heure, Atos semble coincé entre le marteau de sa dette abyssale et l'enclume de repreneurs qui se dérobent les uns après les autres. La partie est loin d'être gagnée pour l'ex-star déchue du CAC 40.
Un avenir plus qu'incertain
Si les prochains jours s'annoncent décisifs, c'est bien l'avenir à moyen et long terme d'Atos qui cristallise toutes les inquiétudes. Car même en cas d'accord in extremis sur sa restructuration financière, le groupe devra se réinventer pour espérer renouer avec les profits et la croissance.
Alors que les rumeurs d'un démantèlement se font de plus en plus insistantes, avec notamment un intérêt marqué de l'État pour les activités de cybersécurité jugées stratégiques, la question de la pérennité d'Atos dans sa forme actuelle se pose plus que jamais. Une certitude : le chemin de la résurrection sera long et semé d'embûches pour le groupe présidé par Bertrand Meunier.