L’avenir de l’aéronautique française face aux défis de la filière

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novembre 24, 2024

L’avenir de l’aéronautique française face aux défis de la filière

L'aéronautique représente l'un des fleurons de l'industrie française. Leader mondial aux côtés des États-Unis, la France s'appuie sur un écosystème complet, de grands donneurs d'ordre comme Airbus aux PME expertes en mécanique de précision. Pourtant, derrière les succès d'Airbus et les carnets de commandes records, une inquiétude grandit au sein de la supply chain aéronautique hexagonale. Endettement, perte de compétitivité, difficulté à suivre les montées en cadence... Les nuages s'amoncellent au-dessus des sous-traitants.

Des sous-traitants en grande difficulté financière

Selon une étude confidentielle de la Banque de France, pas moins de 40 des 200 grands fournisseurs aéronautiques tricolores présentent un risque de défaillance à court ou moyen terme. Alors que la filière tente de se relever après le choc du Covid, beaucoup peinent encore à rétablir des marges et une trésorerie satisfaisantes.

Cette situation s'explique en partie par une perte de productivité liée aux plans sociaux menés pendant la crise. Le renouvellement d'environ 30% des effectifs sur la période 2019-2024, avec des recrutements de personnels moins expérimentés, induit une baisse de l'efficience opérationnelle.

L'épineuse question du partage de la valeur

L'autre facteur aggravant tient aux relations tendues avec les grands donneurs d'ordre comme Airbus et Safran sur le partage de la valeur. Pris en tenaille entre la hausse de leurs coûts et la pression sur les prix d'achat des avionneurs et motoristes, nombreux sont les équipementiers et spécialistes des aérostructures qui éprouvent les pires difficultés à maintenir des marges décentes.

Au moment de la crise, des donneurs d'ordre ont renégocié certains contrats en proposant des facilités de cash, mais avec pour contrepartie des baisses de prix annuelles comprises entre 2 et 3%

Un bon connaisseur du secteur

Le partage de la valeur au sein de la filière promet ainsi de nourrir les débats dans les prochains mois, alors que le trafic aérien repart et que les cadences remontent chez Airbus et Boeing. Sans un rééquilibrage, le risque existe de voir des maillons essentiels lâcher.

Gagner en productivité et compétitivité

Pour sortir de l'ornière et profiter de la reprise, les sous-traitants aéronautiques français doivent actionner plusieurs leviers :

  • Accélérer leur transformation vers l'industrie 4.0 pour gagner en efficience
  • Renforcer la formation et la montée en compétences des nouveaux arrivants
  • Capter une plus grande part de la valeur, en consolidant des positions sur les segments à forte valeur ajoutée
  • Développer des innovations de rupture, en particulier sur les enjeux de décarbonation du secteur aérien

La supply chain aéronautique française possède de nombreux atouts, à commencer par un savoir-faire d'excellence mondialement reconnu. Des ETI comme Daher ou Latécoère ont su développer une offre complète, de l'ingénierie à l'intégration de sous-ensembles complets. La filière doit miser sur cette expertise pour relever les défis de compétitivité.

La filière se mobilise

Conscients des risques, les grands acteurs de l'aéronautique française se mobilisent. Le GIFAS, qui regroupe les industriels du secteur, a lancé en 2022 un outil d'auto-diagnostic destiné aux PME et ETI, le référentiel Aero Excellence. Objectif : pousser les fournisseurs à renforcer leur excellence opérationnelle.

Par ailleurs, les quatre grands donneurs d'ordre tricolores (Airbus, Safran, Dassault Aviation et Thales) vont abonder, avec Bpifrance, un nouveau fonds d'investissement dédié à la consolidation des entreprises stratégiques en difficulté. Doté à terme de 800 millions d'euros, il prendra le relais du fonds Ace Aéro Partenaires créé en 2020 pendant la crise.

L'avenir de la filière aéronautique française se joue maintenant. Dans un marché mondial en pleine reprise mais très concurrentiel, les sous-traitants hexagonaux doivent impérativement renforcer leur compétitivité et monter en gamme. Un défi aussi enthousiasmant que crucial pour consolider la position de leader de l'aéronautique tricolore.

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