L’Avenir des Sites Industriels en France Face aux Défis Mondiaux
L'industrie française est à la croisée des chemins. Confrontés à une concurrence internationale féroce, notamment venue d'Asie, et à des coûts énergétiques en hausse, de nombreux fleurons industriels doivent repenser leur modèle pour rester compétitifs. Le cas de Michelin, qui doit annoncer d'ici le 9 novembre le sort de trois de ses sites hexagonaux, est emblématique de ces défis.
Michelin sous pression pour l'avenir de ses usines françaises
Le leader mondial du pneumatique est actuellement en pleine réflexion stratégique concernant son empreinte industrielle en France. Trois sites sont particulièrement menacés :
- Cholet (Maine-et-Loire), spécialisé dans les pneus de camionnettes, qui emploie environ 1000 personnes en CDI
- Vannes (Morbihan), dédié aux composants pour pneumatiques, avec 300 salariés permanents
- Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), autre site de composants, qui compte 150 employés
Au total, ce sont donc près de 1400 emplois qui sont en jeu. Les syndicats ont tiré la sonnette d'alarme et lancé un droit d'alerte économique, craignant des fermetures en raison de la concurrence asiatique à bas coût et des prix élevés de l'énergie en Europe qui pèsent sur la compétitivité.
Une décision attendue le 9 novembre au plus tard
Face à l'inquiétude des salariés, la direction de Michelin a indiqué qu'elle donnerait une réponse à ces craintes avant le samedi 9 novembre. Le groupe se refuse pour l'instant à tout commentaire, se contentant de rappeler que ces sites "connaissent des difficultés structurelles" sur lesquelles il se "mobilise depuis des mois".
L'entreprise est mobilisée depuis des mois sur ces sites qui connaissent des difficultés structurelles.
Un porte-parole de Michelin
Des propos qui ne rassurent guère côté syndical, d'autant que le fabricant de pneumatiques a déjà annoncé l'an dernier la fermeture de deux usines en Allemagne, invoquant justement la concurrence chinoise.
Le gouvernement en appelle à la "compétitivité" de la France
Interrogé sur le dossier, le ministre de l'Économie Antoine Armand n'a pas souhaité commenter avant que Michelin ne s'exprime auprès de ses salariés. Il a toutefois rappelé que "la solution à moyen terme, c'est la compétitivité du pays", tout en assurant que son ministère suit "l'ensemble des dossiers industriels".
Des propos qui illustrent le dilemme de l'exécutif, tiraillé entre la défense de l'emploi industriel et la nécessité d'avoir des entreprises compétitives sur le plan international. Un équilibre de plus en plus difficile à trouver à l'heure de la mondialisation et de la transition énergétique.
Un coup dur qui menace tout un écosystème
Si les craintes des syndicats se confirment, les conséquences seront lourdes pour les bassins d'emplois concernés. Au-delà des salariés directs de Michelin, ce sont de nombreux sous-traitants et commerçants locaux qui risquent de trinquer, fragilisant tout un tissu économique.
Un scénario malheureusement classique ces dernières années, où l'on a vu des pans entiers de l'industrie française être durement touchés par des restructurations, quand ils ne disparaissaient pas purement et simplement. De quoi nourrir un sentiment d'abandon dans certains territoires.
Quel avenir pour l'industrie française ?
Au-delà du cas Michelin, c'est la question de la pérennité du modèle industriel français qui se pose une nouvelle fois. Face à la concurrence des pays à bas coûts, mais aussi aux impératifs de la lutte contre le changement climatique qui pousse à relocaliser, quelles réponses apporter ?
Montée en gamme, innovation, industrie 4.0, économie circulaire... Les pistes ne manquent pas mais restent pour beaucoup à concrétiser à grande échelle. L'Etat aura aussi un rôle clé à jouer, entre soutien à la compétitivité et accompagnement des nécessaires transitions. Tout l'enjeu des prochaines années pour éviter un décrochage déjà bien entamé.
Une chose est sûre, l'issue du dossier Michelin sera scrutée de près. Comme un symbole du défi industriel français au moment où le pays cherche un nouveau souffle économique. Réponse dans quelques jours.