L’avenir énergétique de l’industrie repose sur les énergies renouvelables
Alors que certaines voix s'élèvent contre l'essor des énergies renouvelables en France, il est crucial de rappeler qu'un déploiement massif du solaire et de l'éolien représente la seule stratégie résiliente et souveraine pour sécuriser l'approvisionnement électrique de notre industrie. À l'heure où la décarbonation accélère les besoins en électricité de l'économie, investir dans les renouvelables est l'unique solution de court terme pour répondre à la demande croissante, tout en maintenant des prix compétitifs. Un impératif pour réindustrialiser le pays !
Une équation simple : plus d'électrons verts = des prix plus bas
Si les marchés de l'électricité peuvent paraître complexes, avec leurs prix marginaux et tarifs régulés, ils n'échappent pas pour autant à la loi de l'offre et de la demande. Quand la production dépasse la consommation, les prix baissent. Et à l'inverse, toute tension se traduit par une flambée des cours, l'électricité ne se stockant quasiment pas. Un phénomène exacerbé par notre volonté de payer le prix fort pour éviter toute rupture d'approvisionnement.
Dans ce contexte, la France a tout intérêt à programmer autant de renouvelables que possible sur terre, en mer et sur les bâtiments, sans se limiter sur les volumes. Cette stratégie volontariste est la seule à même de maintenir une économie et une industrie fortes, tout en renforçant notre indépendance énergétique. Car contrairement au nucléaire, les capacités solaires et éoliennes peuvent être déployées en masse d'ici 10 ans pour inonder notre marché et, via notre réseau très interconnecté, celui de nos voisins.
Ne pas se limiter sur les volumes de renouvelables
Trop d'énergies vertes pourrait-il nuire à la rentabilité du secteur électrique ? C'est possible. Mais entre ce "risque" et celui de voir notre industrie disparaître à cause de prix de l'énergie durablement élevés, le choix est vite fait. Il vaut mieux gérer un excédent qu'une pénurie d'électricité, dont le coût serait totalement disproportionné pour notre économie. Les crises gazière et du nucléaire français l'ont cruellement rappelé.
Faisons donc le pari d'une France exportatrice d'électrons verts, quitte à devoir protéger les producteurs via des tarifs régulés ou des contrats de long terme (PPA). Cela revient de facto à subventionner massivement les renouvelables, comme le permet le cadre européen. Mais investir ainsi dans une production décarbonée et compétitive, c'est avant tout mener une politique industrielle ambitieuse.
Capter les électrons excédentaires au profit de l'industrie
Le défi sera ensuite de savoir tirer profit de ces électrons "surnuméraires", afin que les prix bas qu'ils généreront bénéficient pleinement à notre consommation via des contrats de long terme. Car pour localiser en France des usines de batteries, d'acier, d'aluminium, d'hydrogène ou encore des datacenters, il est indispensable de garantir des tarifs compétitifs et stables sur la durée. Les renouvelables représentent notre meilleur atout pour y parvenir.
Si nous voulons des usines en France, il faut les entourer de "trop" d'éoliennes et de panneaux solaires, qui leur garantiront des prix durablement bas.
Xavier Ploquin, Directeur d'investissement chez Meridiam
Défendre une autre stratégie, c'est s'exposer au risque presque certain d'avoir un secteur électrique rentable, mais au milieu d'un champ de ruines industrielles. La France a besoin des énergies renouvelables, et vite, pour réindustrialiser son économie. Le choix est entre nos mains : parier sur l'abondance électrique, ou subir la pénurie !