L’avenir incertain de l’usine Audi de Bruxelles
3000 emplois en sursis, un modèle en fin de vie, pas de nouveau véhicule en vue pour prendre le relais... L'usine Audi de Bruxelles traverse une passe difficile. Propriété de la marque aux anneaux depuis 2007, le site industriel né en 1949 pourrait bien fermer définitivement ses portes en 2025. Une catastrophe sociale et un nouveau coup dur pour l'industrie automobile belge, en pleine mutation forcée vers l'électrique.
Un SUV électrique bientôt en fin de vie
Actuellement, l'usine Audi de Bruxelles ne produit qu'un seul modèle : le SUV électrique haut de gamme Q8 e-tron. Un véhicule dont l'avenir est malheureusement compté. En juillet dernier, la firme allemande a en effet annoncé son intention de restructurer le site bruxellois et de stopper prématurément la production de son unique modèle.
Faute de nouveau véhicule à assembler pour prendre le relais, c'est tout simplement la survie de l'usine qui est en jeu. Dans le pire des scénarios, pas moins de 3000 personnes pourraient perdre leur emploi si le site devait effectivement fermer. Une perspective qui inquiète fortement les syndicats :
On veut un modèle, on veut fabriquer une voiture à Bruxelles. C'est complètement aberrant de fermer le site dans la situation actuelle [de transition électrique].
Gregory Dascotte, secrétaire permanent FGTB
Les autorités sur le qui-vive
Face à ce scénario catastrophe, les autorités belges sont sur le pied de guerre pour tenter de sauver un maximum d'emplois. Le Premier ministre démissionnaire Alexander De Croo a déclaré vouloir négocier âprement avec le groupe Audi afin de trouver une alternative à la fermeture pure et simple.
Plusieurs pistes sont sur la table pour donner un avenir au site industriel bruxellois :
- Obtenir l'attribution d'un nouveau modèle électrique à produire
- Reconvertir le site vers d'autres activités pour le groupe Volkswagen
- Trouver un repreneur industriel en cas de désengagement total d'Audi
L'électrification, opportunité ou menace ?
Plus largement, l'incertitude qui plane sur l'usine Audi illustre les défis colossaux qui attendent l'industrie automobile belge avec la transition forcée vers l'électrique. D'un côté, l'électrification offre de nouvelles opportunités industrielles, notamment dans les batteries ou l'électronique de puissance. Mais de l'autre, ce virage menace potentiellement des milliers d'emplois dans les usines "traditionnelles", peu préparées à ce choc technologique.
Au-delà du cas bruxellois, c'est donc toute la stratégie de conversion de l'outil industriel automobile belge qui est posée. Le gouvernement n'aura pas trop de toute la législature à venir pour se pencher sur cet épineux dossier et donner des perspectives aux 3000 salariés d'Audi Bruxelles. L'avenir de ce fleuron industriel en dépend.