L’Avenir Incertain des Usines Stellantis en France et en Italie
Le géant de l'automobile Stellantis traverse actuellement une période de turbulences concernant l'avenir de ses sites industriels en France et en Italie. Malgré de bons résultats financiers globaux, la faible activité dans certaines usines clés ainsi que des relations tendues avec les gouvernements et syndicats locaux soulèvent de nombreuses interrogations sur la stratégie industrielle du groupe dans ces deux pays historiques.
Inquiétude grandissante en Italie
La situation est particulièrement préoccupante en Italie, où l'intersyndicale de Stellantis a mené une grève historique le 18 octobre dernier. Près de 20 000 personnes ont manifesté à Rome pour dénoncer la chute vertigineuse de la production dans les six usines italiennes du groupe. Selon Bloomberg, l'activité y aurait plongé de 41% sur les neuf premiers mois de l'année 2024.
Toutes les usines italiennes ont un plan d'activité jusqu'en 2030, voire 2032.
Carlos Tavares, PDG de Stellantis
Plusieurs sites emblématiques comme Mirafiori près de Turin ou Pomigliano d'Arco dans la région de Naples sont à l'arrêt pour plusieurs semaines, faute de demande suffisante. Cette situation nourrit les tensions entre Stellantis et le gouvernement italien, qui reproche au groupe de délocaliser la production de modèles historiques comme la future Fiat Panda.
L'avenir incertain de l'usine de Poissy en France
En France aussi, l'avenir de certains sites industriels clés de Stellantis suscite des interrogations. C'est notamment le cas de l'usine de Poissy dans les Yvelines, spécialisée dans la production des Opel Mokka et DS3 Crossback. Malgré un plan de charge assuré jusqu'en 2028, la direction se laisse jusqu'à fin 2025 pour décider de la suite.
Face aux inquiétudes syndicales, la direction de Stellantis a promis de présenter un plan de production à 3 ans pour chaque usine française d'ici la mi-novembre. Mais en attendant, c'est tout l'écosystème industriel local qui retient son souffle.
Stellantis appelle à améliorer la compétitivité
Face à ces inquiétudes, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a appelé les salariés européens à accepter d'être plus compétitifs face au reste du monde, sous peine de voir leurs emplois menacés. Un message qui passe mal auprès des syndicats, déjà échaudés par les réductions d'effectifs passées.
Au-delà des enjeux sociaux, c'est toute la stratégie industrielle de Stellantis qui est questionnée. Entre montée en puissance de l'électrification, pression réglementaire sur les émissions et concurrence des pays à bas coûts, le groupe doit réinventer son modèle dans ses pays historiques.
L'entreprise ne peut pas rester dans le mutisme. Ce n'est bon pour personne.
Frédéric Lemayitch, délégué syndical CFTC Poissy
Les prochains mois seront décisifs pour y voir plus clair sur les intentions réelles de Stellantis en France et en Italie. Mais une chose est sûre : dans un marché automobile en pleine mutation, la pression sur les usines historiques du groupe ne va pas faiblir de sitôt. À lui de trouver les bons leviers pour conjuguer compétitivité et maintien de l'emploi sur ses terres d'origine.
Les enjeux clés pour l'avenir de Stellantis
- Redonner des perspectives industrielles pérennes aux usines françaises et italiennes.
- Améliorer le dialogue social pour rassurer les salariés sur l'avenir de leur site.
- Adapter l'outil industriel local aux nouveaux enjeux de l'électrification et des réglementations environnementales.
- Trouver le bon équilibre entre compétitivité et maintien de l'emploi.
La partie s'annonce serrée pour Stellantis, qui va devoir jouer finement pour réussir sa mue industrielle en France et en Italie sans se mettre à dos ses salariés et les pouvoirs publics locaux. Un défi stratégique et social de taille pour le géant automobile, qui jouera en grande partie son avenir européen dans les prochaines années.