L’avenir prometteur de la chimie fine pharmaceutique en France
Alors que le site centenaire de Seqens à Villeneuve-la-Garenne vient d'annoncer sa fermeture, quel avenir pour la chimie fine pharmaceutique française ? Entre défis conjoncturels et volonté de relocalisation, le secteur traverse une période charnière. Mais les raisons d'y croire demeurent nombreuses.
Un fleuron industriel français à la croisée des chemins
Historiquement, la France a toujours été une grande puissance de la chimie fine pharmaceutique. Ce secteur stratégique, dédié à la production de principes actifs et d'intermédiaires pour l'industrie du médicament, est un maillon essentiel de notre souveraineté sanitaire.
Pourtant, ces dernières années, il a dû faire face à une concurrence internationale féroce, notamment asiatique, ayant conduit à une vague de délocalisations et de fermetures de sites. La crise énergétique actuelle et la hausse des coûts n'ont fait qu'accentuer ses difficultés.
L'annonce récente de l'arrêt de l'activité du site Seqens de Villeneuve-la-Garenne, l'un des plus anciens au monde dédié aux principes actifs, sonne comme un nouveau coup dur. Fondé en 1893, il était devenu un emblème des enjeux de relocalisation mis en lumière par la crise Covid.
Des défis conjoncturels et structurels
Au-delà des problèmes spécifiques rencontrés avec son client Mithra, le site de Seqens illustre les difficultés auxquelles est confrontée toute la filière. Concurrence déloyale étrangère, explosion des coûts de l'énergie, pression sur les prix du médicament, lourdeurs réglementaires...
Les sujets de souveraineté sanitaire sont désormais débattus avec tous les acteurs européens.
Sicos, association de la chimie fine
Pour le Sicos, syndicat professionnel du secteur, le manque de compétitivité de l'Europe s'explique avant tout par des règles du jeu inégales en matière d'aide publique à l'industrie. Là où la Chine ou les États-Unis la pratiquent massivement, les Européens font preuve de trop de frilosité.
Des raisons d'espérer
Malgré ce contexte difficile, les acteurs de la chimie fine pharmaceutique française ont des atouts à faire valoir pour rebondir :
- Un savoir-faire mondialement reconnu, fruit d'une longue tradition d'excellence
- Une volonté politique de relocaliser certaines productions stratégiques
- Des investissements massifs dans la R&D et l'innovation
Le groupe Seqens en est le parfait exemple. Malgré les déboires de Villeneuve-la-Garenne, il poursuit sa stratégie de développement avec la relocalisation de plusieurs principes actifs essentiels (kétamine, paracétamol...) sur ses autres sites français.
De son côté, le laboratoire Delpharm a annoncé un investissement de 100 millions d'euros sur son site normand de Saint-Rémy-sur-Avre pour la production de médicaments essentiels. Tandis que Sanofi vient d'inaugurer sa nouvelle usine digitale de Neuville-sur-Saône, dédiée à la production d'anticorps monoclonaux.
Vers un « Critical Medicines Act » européen ?
Pour soutenir cette dynamique positive, les professionnels plaident pour la mise en place rapide au niveau européen d'un « Critical Medicines Act », sur le modèle de son équivalent américain dans les semi-conducteurs.
L'objectif : protéger et soutenir massivement la production de médicaments jugés essentiels et critiques sur le territoire de l'UE. Une étape indispensable pour bâtir notre souveraineté sanitaire de demain.
Malgré les vents contraires, la chimie fine pharmaceutique française dispose donc de sérieux atouts pour réussir sa mue et renouer avec son glorieux passé. À condition de s'en donner les moyens, humains et financiers. Les prochains mois s'annoncent décisifs pour l'avenir de cette industrie stratégique.