Le CESE appelle à une vigilance collective pour l’IA
En prévision du prochain sommet sur l'intelligence artificielle qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié ce mardi 14 janvier un avis proposant un cadre de développement « acceptable » pour cette technologie en plein essor. Intitulé « Pour une IA au service de l'intérêt général », ce document entend apporter la contribution de la société civile aux réflexions qui seront menées lors de cet événement international.
Une nécessaire vigilance collective
Si le CESE reconnaît l'importance pour la France et l'Europe de disposer de ressources technologiques propres en matière d'IA, il appelle néanmoins à faire preuve de vigilance pour accompagner son déploiement de manière responsable, éthique, durable et inclusive. « L'intelligence artificielle peut être une formidable opportunité, notamment dans les domaines de la santé ou de l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap. Mais elle peut aussi être source d'inégalités », alerte Marianne Tordeux Bitker, corapporteuse de l'avis.
L'instance consultative met notamment en garde contre le risque de voir l'IA renforcer la fracture numérique. Une crainte loin d'être anodine quand on sait que près d'un tiers des Français (31,5%) se sentent éloignés du numérique selon une récente étude du Crédoc. Pour y remédier, le CESE préconise de renforcer la formation de la population tout en préservant le droit au non numérique dans l'accès aux services publics.
Respect des droits fondamentaux et transparence
Au-delà, le respect des droits fondamentaux, des libertés individuelles et de l'égalité constituent les principales recommandations formulées par le CESE pour garantir une utilisation vertueuse de l'intelligence artificielle. Cela implique notamment :
- D'assurer le maintien de l'autonomie des travailleurs et de leur capacité à prendre des décisions éclairées malgré l'intégration de l'IA dans le monde professionnel.
- De faire preuve de transparence dans l'utilisation des algorithmes et des jeux de données lorsque les systèmes d'IA sont déployés pour exécuter le droit ou prendre des décisions individuelles.
- D'associer pleinement les salariés au déploiement de l'IA en entreprise, condition sine qua non pour en faire un véritable levier de progrès social selon Erik Meyer, co-rapporteur de l'avis.
L'IA, une opportunité à saisir avec discernement
Les défis soulevés par le développement de l'intelligence artificielle sont donc nombreux. Mais comme le souligne l'avis du CESE, cette technologie de rupture représente aussi une formidable opportunité de progrès et d'innovation qu'il serait dommage de ne pas saisir. À condition toutefois de l'encadrer par des règles éthiques et de placer systématiquement l'humain au cœur des réflexions.
L'enjeu est de faire en sorte que le développement de l'IA se fasse au bénéfice du plus grand nombre et non au détriment de certains.
Patrick Bernasconi, président du CESE
Un message fort alors que les usages de l'IA ne cessent de se multiplier dans notre quotidien, des assistants vocaux aux voitures autonomes en passant par les outils de recrutement ou les logiciels de reconnaissance faciale. Reste maintenant à voir dans quelle mesure les recommandations du CESE seront prises en compte par les décideurs publics et privés. Le sommet mondial sur l'IA qui se profile sera l'occasion d'en avoir un premier aperçu.