
Le Cobalt : Toujours un Métal Stratégique ?
Saviez-vous que le cobalt, souvent surnommé le « pétrole du XXIe siècle », a vu son prix s’effondrer de plus de 70 % en trois ans ? Ce métal, au cœur des batteries des voitures électriques et des superalliages aéronautiques, semblait promis à un avenir radieux. Pourtant, en 2025, une question taraude les industriels et les stratèges : reste-t-il vraiment stratégique ? Entre surproduction, évolutions technologiques et enjeux éthiques, l’histoire du cobalt est loin d’être monotone.
Un Métal au Cœur des Enjeux Mondiaux
Le cobalt n’est pas un métal comme les autres. Présent dans les batteries lithium-ion qui alimentent nos smartphones, nos ordinateurs portables et nos véhicules électriques, il joue un rôle clé dans la transition énergétique. Mais son importance dépasse les frontières de l’électromobilité : on le retrouve dans les superalliages utilisés pour les turbines d’avions ou les équipements de défense. Pendant des années, sa rareté supposée et sa concentration géographique en ont fait une ressource convoitée.
Pourtant, en 2025, le vent semble tourner. Les prix, qui culminaient à 80 000 dollars la tonne en 2022, flirtent désormais avec les 20 000 dollars. Cette chute spectaculaire reflète une réalité nouvelle : l’offre explose, tandis que la demande, bien que soutenue, évolue différemment des prévisions. Alors, le cobalt est-il en train de perdre son aura stratégique ?
Une Surabondance Inattendue
Si le cobalt fait moins parler de lui aujourd’hui, c’est en grande partie à cause d’une production qui ne cesse de croître. La République démocratique du Congo (RDC), qui fournit environ 75 % du cobalt mondial, est au cœur de cette dynamique. Là-bas, le cobalt est extrait comme un coproduit des grandes mines de cuivre, dont l’activité est en pleine effervescence.
« L’offre de cobalt dépasse largement les attentes, grâce à l’intensification de l’extraction de cuivre en RDC. »
– Analyste minier anonyme, 2025
Un acteur domine ce marché : l’entreprise chinoise CMOC, qui a presque doublé sa production de cobalt en 2024, atteignant plus de 110 000 tonnes par an. Mais la RDC n’est pas seule. L’Indonésie, en pleine expansion dans l’extraction de nickel pour batteries, génère également du cobalt comme sous-produit. Résultat ? Une abondance qui a pris les analystes de court.
Cette surabondance a un effet direct : les tensions sur l’approvisionnement, autrefois source d’inquiétude, se sont dissipées. Les industriels, qui craignaient des pénuries, respirent mieux. Mais cette abondance cache une autre réalité : la dépendance envers quelques régions reste un point sensible.
Des Batteries Moins Gourmandes en Cobalt
Si l’offre explose, la demande, elle, évolue. Les batteries lithium-ion, qui dominent le marché des véhicules électriques, se diversifient. Les chimies nickel-manganèse-cobalt (NMC) réduisent progressivement leur teneur en cobalt, tandis que les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), totalement dépourvues de cobalt, gagnent du terrain, notamment en Chine.
Pourquoi ce virage ? Le cobalt est coûteux, et son extraction soulève des questions éthiques. Les constructeurs automobiles, comme Renault ou Tesla, investissent massivement dans des alternatives pour réduire leur dépendance. En 2025, on estime que seulement la moitié des batteries produites contiendront encore du cobalt d’ici 2050. Une révolution silencieuse, mais lourde de conséquences.
Cela ne signifie pas que le cobalt disparaît des radars. Les batteries NMC restent prisées pour leur densité énergétique, notamment pour les véhicules haut de gamme. Mais la pression pour innover est forte, et les startups spécialisées dans les nouvelles chimies de batteries se multiplient.
CobaltTech : La Startup Qui Veut Changer la Donne
Dans ce contexte mouvant, une startup attire l’attention : CobaltTech. Fondée en 2023, cette entreprise française ambitionne de révolutionner l’approvisionnement en cobalt grâce à des procédés d’extraction plus durables et une traçabilité renforcée. Son credo ? Répondre aux préoccupations éthiques tout en sécurisant les chaînes d’approvisionnement pour l’industrie européenne.
CobaltTech développe une technologie permettant de recycler le cobalt à partir de batteries usagées, réduisant ainsi la dépendance envers les mines de la RDC. En parallèle, elle collabore avec des partenaires locaux pour certifier des mines artisanales respectant les droits humains. Une approche qui séduit les investisseurs, avec une levée de fonds de 15 millions d’euros en 2024.
« Nous voulons faire du cobalt une ressource éthique et durable, sans compromettre les besoins industriels. »
– Clara Dupont, PDG de CobaltTech
Leur innovation ne s’arrête pas là. CobaltTech explore également des partenariats avec des industriels de l’aéronautique pour optimiser l’usage du cobalt dans les superalliages. En misant sur le recyclage et l’économie circulaire, la startup incarne une nouvelle vague d’entrepreneurs qui veulent concilier performance et responsabilité.
Les Enjeux Éthiques : Un Défi Persistant
Si le cobalt est abondant, il n’en reste pas moins controversé. En RDC, une partie de la production provient de mines artisanales, où les conditions de travail sont souvent déplorables. Des rapports réguliers dénoncent l’exploitation d’enfants et l’absence de normes de sécurité. Ces révélations ont poussé les industriels à revoir leurs pratiques, mais le chemin est encore long.
Les consommateurs, de plus en plus sensibles à ces questions, exigent une transparence totale. Les grandes entreprises, comme Apple ou Volkswagen, multiplient les audits et les certifications, mais les scandales persistent. Pour CobaltTech et ses concurrents, l’enjeu est clair : proposer un cobalt « propre » pourrait devenir un avantage compétitif majeur.
Voici quelques pistes explorées pour répondre à ces défis :
- Traçabilité blockchain pour certifier l’origine du cobalt.
- Investissements dans des mines artisanales éthiques.
- Recyclage à grande échelle pour réduire la dépendance aux mines.
Ces initiatives, bien que prometteuses, nécessitent des investissements colossaux et une coordination internationale. La route vers un cobalt véritablement durable est semée d’embûches.
Un Rôle Toujours Stratégique ?
Alors, le cobalt est-il encore stratégique ? La réponse n’est pas binaire. D’un côté, l’abondance actuelle et les progrès technologiques réduisent les tensions. De l’autre, son rôle dans des secteurs critiques comme l’aéronautique, la défense et les batteries haut de gamme reste incontestable. Sans oublier les considérations géopolitiques : la concentration de la production en RDC et l’influence croissante de la Chine sur ce marché posent des questions d’autonomie stratégique.
Pour l’Europe, diversifier ses sources d’approvisionnement est une priorité. Des projets de relocalisation, comme l’exploration de gisements en Finlande ou au Canada, émergent, mais ils ne suffiront pas à court terme. En attendant, des startups comme CobaltTech pourraient jouer un rôle clé en proposant des solutions innovantes.
Le cobalt, en somme, n’est plus le « nouveau pétrole », mais il n’a pas dit son dernier mot. Son avenir dépendra de notre capacité à concilier innovation, éthique et besoins industriels.
Vers un Cobalt Responsable
En 2025, le cobalt est à un tournant. Les startups, les industriels et les gouvernements doivent collaborer pour transformer cette ressource en un levier de progrès, plutôt qu’en un symbole de controverse. Voici les grandes tendances à suivre :
- Recyclage avancé pour limiter l’extraction.
- Certifications éthiques pour rassurer les consommateurs.
- Innovations dans les batteries pour réduire la dépendance.
Le cobalt, loin d’être relégué au second plan, reste un acteur clé de notre avenir technologique. Mais pour briller, il devra se réinventer. CobaltTech et ses pairs sont déjà sur la brèche, prêts à écrire le prochain chapitre.
Et si, finalement, le véritable enjeu n’était pas la rareté du cobalt, mais notre capacité à l’utiliser de manière responsable ? Une question qui, en 2025, résonne plus que jamais.