Le constructeur automobile Stellantis prend un virage social
En ces temps de disruption technologique et économique, l'industrie automobile fait face à de nombreux défis pour naviguer entre compétitivité et responsabilité sociale. Le cas récent de Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler, est emblématique de ces enjeux. Le constructeur vient en effet d'annoncer l'annulation de 1100 suppressions de postes initialement prévues dans son usine Jeep de l'Ohio aux États-Unis. Une décision qui intervient quelques semaines seulement après le départ soudain de Carlos Tavares, l'ancien directeur général réputé pour ses objectifs ambitieux mais controversés en matière de réduction des coûts. Ce revirement surprenant semble marquer un changement de cap stratégique pour Stellantis. Décryptage.
John Elkann, le nouveau visage du dialogue social chez Stellantis ?
Depuis le départ de Carlos Tavares, c'est John Elkann, le président de Stellantis et héritier de la famille Agnelli, qui a repris les rênes opérationnelles du groupe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il imprime sa marque en renouant le dialogue avec les parties prenantes dans les principaux bassins d'emploi du constructeur :
- Visite des sites de production américains pour rassurer sur l'avenir des emplois malgré un contexte de transition vers l'électrique.
- Entretien avec les syndicats italiens pour confirmer les investissements prévus malgré les incertitudes.
- Rencontre avec Emmanuel Macron pour souligner l'ancrage industriel de Stellantis en France.
John Elkann semble donc vouloir incarner un leadership plus consensuel et un dialogue social renouvelé, après une période de relations tendues sous l'ère Tavares. L'annulation des suppressions de postes chez Jeep, décidée unilatéralement par la précédente direction, en est le premier symbole fort.
Concilier rentabilité et responsabilité, le nouveau défi des constructeurs
Pour autant, Stellantis ne peut faire l'impasse sur la question de sa compétitivité dans un marché automobile en pleine mutation. Carlos Tavares, malgré les critiques, avait su redresser spectaculairement les marges du groupe. John Elkann devra donc trouver un subtil équilibre entre préservation de l'emploi et performance économique.
Un défi que devront relever tous les constructeurs automobiles à l'heure de la transition énergétique et digitale. Car pour réussir les lourds investissements dans l'électrification et les nouvelles mobilités, il faudra des entreprises à la fois agiles et solides financièrement. Mais cette transformation ne pourra se faire sans adhésion des salariés et paix sociale.
Vers un nouveau contrat social dans l'industrie automobile ?
L'exemple de Stellantis est donc riche d'enseignements. Il montre qu'au-delà de la seule conflictualité, syndicats et directions peuvent trouver un terrain d'entente au service d'une vision partagée :
Nous voulons bâtir un avenir durable pour Stellantis et ses salariés. Cela passe par un dialogue exigeant mais constructif avec nos partenaires sociaux, pour rechercher le meilleur équilibre entre efficacité économique et progrès social.
John Elkann, président de Stellantis
Une main tendue qui ouvre la voie à un nouveau pacte pour l'emploi dans une industrie automobile en pleine révolution. Les constructeurs qui sauront nouer ce dialogue et bâtir des organisations responsables et résilientes seront les mieux armés pour performancer durablement. La route est encore longue, mais Stellantis semble avoir pris un virage prometteur.