Le Coût Faramineux de l’Inaction Face au Changement Climatique
Combien nous coûtera le changement climatique ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre l'Insee dans une étude inédite qui sonne comme un véritable signal d'alarme. En intégrant l'impact du dérèglement climatique dans ses calculs économiques, l'institut statistique tire la sonnette d'alarme : si rien n'est fait, la France pourrait bien vivre durablement au-dessus de ses moyens, avec à la clé une dégradation significative des conditions de vie.
94 milliards d'euros : la facture climatique française pour 2023
Premier constat inquiétant : les dommages induits par le dérèglement climatique et la nécessaire décarbonation de notre économie représenteraient déjà un manque à gagner de 94 milliards d'euros pour la seule année 2023, soit l'équivalent de 4,1% du produit intérieur net français. Un chiffre vertigineux qui intègre à la fois :
- Les coûts directs des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et intenses (inondations, sécheresses, canicules...)
- Les impacts indirects sur la productivité agricole, la production d'énergie, la santé...
- Les investissements colossaux à consentir pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et nous adapter aux effets du réchauffement.
En d'autres termes, les nouvelles émissions de CO2 que nous rejetons chaque année dans l'atmosphère reviennent à creuser toujours plus notre "dette climatique", en renchérissant le coût des mesures que nous devrons prendre tôt ou tard. Un "budget carbone" estimé à 57 milliards d'euros pour 2023, sans même tenir compte des impacts humains sur la mortalité.
900 milliards à investir d'ici 2050 pour décarboner l'économie
Au-delà de ce coût annuel déjà considérable, c'est bien à un chantier titanesque que la France va devoir s'atteler pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon les calculs de l'Insee, pas moins de 929 milliards d'euros devront être investis dans la transition bas-carbone au cours des 25 prochaines années. Un défi immense qui nécessitera de réorienter en profondeur les investissements de l'État, des entreprises et des ménages.
L'épargne nationale ne suffira pas à absorber l'ensemble de ces coûts climatiques.
INSEE
Avec des besoins d'investissements évalués à 133 milliards d'euros par an pour la décarbonation, contre une épargne nationale autour de 100 milliards, le compte n'y est clairement pas. Un rythme jugé «pas soutenable» par les économistes de l'Insee qui pointent un risque majeur pour le niveau de vie des générations futures.
Une "dette écologique" qui menace notre avenir
À l'heure où le gouvernement s'apprête à lancer une nouvelle stratégie nationale bas-carbone (SNBC), le constat de l'Insee ne laisse guère de doute sur l'ampleur du défi à relever. Pour amortir le choc, il faudra sans doute accepter de revoir à la baisse nos espoirs de croissance à court terme.
Une pilule difficile à avaler, mais rendue nécessaire par l'urgence climatique. Car comme le rappelle l'étude, le véritable danger serait de continuer à ignorer cette "dette écologique" en reportant sans cesse les investissements indispensables. Au risque de dégrader durablement nos conditions de vie, et de laisser aux jeunes générations un monde exsangue et une ardoise impossible à éponger.
Face à cette menace existentielle, le message de l'Insee est on ne peut plus clair : il est grand temps d'agir, en assumant pleinement le coût de la transition écologique. Une équation complexe, mais dont notre avenir dépend.