Le CTO de la CIA prépare l’arrivée de l’Administration Trump
En avril 2022, la CIA a fait un choix audacieux en nommant Nand Mulchandani au poste de premier directeur technique (CTO) de son histoire. Un profil rare à Washington, Mulchandani a co-fondé et dirigé plusieurs start-ups de la Silicon Valley avant de rejoindre le gouvernement. Aujourd'hui, à l'aube de l'administration Trump et de ses conseillers influents comme Elon Musk, il se prépare à naviguer dans un paysage technologique en pleine mutation.
Un virage stratégique vers la tech
Lorsque le directeur William Burns a pris les rênes de la CIA en 2021, il a clairement affiché ses priorités : faire face à la concurrence des grandes puissances, en particulier de la Chine, en misant sur la technologie. La création de deux nouveaux centres de mission, l'un dédié à la Chine et l'autre aux menaces transnationales et technologiques, ainsi que du poste de CTO, incarnent ce virage stratégique.
Pour Nand Mulchandani, ces priorités devraient perdurer sous la nouvelle administration. "La compétition économique, et au cœur de celle-ci la compétition technologique, est la prochaine génération de concurrence", souligne-t-il. Un enjeu majeur qui transcende les clivages politiques.
Déployer l'IA à grande échelle
Parmi les chantiers "éternels" de la CIA, Mulchandani cite en premier lieu la nécessité de tirer des insights des données toujours plus volumineuses collectées par l'agence. "C'est le cœur d'un service de renseignement. Le problème, c'est que ce flot de données ne cesse de croître, et nous devons continuellement réoutiller nos infrastructures, nos systèmes et nos applications", explique-t-il.
L'intelligence artificielle apparaît comme un levier clé pour relever ce défi. Un déploiement à grande échelle qui nécessitera de repenser les processus et outils, mais aussi de s'appuyer davantage sur les innovations du secteur privé.
Attirer les pépites de la Silicon Valley
C'est le deuxième axe stratégique mis en avant par le CTO : renforcer les liens avec l'écosystème bouillonnant des start-ups et des géants de la tech. "Nous avons lancé des initiatives pour abaisser drastiquement les barrières à l'adoption des technologies commerciales", indique-t-il.
Mais au-delà des achats de solutions et de services, la CIA veut aussi projeter ses besoins vers l'extérieur. "En tant qu'agence de renseignement, nous ne sommes pas culturellement enclins à parler de nos problèmes et initiatives au monde extérieur", reconnaît Mulchandani. Une attitude appelée à changer, avec des échanges directs prévus avec les investisseurs, les fonds de capital-risque et les jeunes pousses dans les prochains mois.
Réinventer le modèle de la CIA
Pour l'ex-entrepreneur, l'apport de la Silicon Valley ne se limite pas aux technologies. Il plaide pour importer à la CIA une véritable réflexion sur les business models, encore trop rare à Washington selon lui. "Je me sens parfois comme si, au gouvernement, nous ne parlions pas suffisamment de modèles économiques et de la manière de gérer les choses efficacement, de les mettre à l'échelle, de l'impact des technologies..."
Comment le modèle économique de la CIA évolue-t-il dans un monde de technologies, d'IA, de concurrence des grandes puissances, de zones cibles difficiles pour nous ?
– Nand Mulchandani, CTO de la CIA
Une question cruciale à l'heure où l'agence doit se réinventer pour rester efficace dans un monde en profonde mutation.
Quelle place pour la tech sous Trump ?
L'arrivée de l'administration Trump et de ses conseillers comme Elon Musk suscite de nombreuses interrogations. Si Nand Mulchandani se garde de commenter les spéculations sur leurs priorités, comme la réduction de la taille de l'État, il espère que la dynamique d'ouverture vers la Silicon Valley se poursuivra.
Le CTO, qui n'est pas un nominé politique, envisage de rester à son poste si l'opportunité lui est donnée. Mais il s'inquiète du faible nombre d'experts de la tech basés à Washington. Un défi personnel pour cet habitué des allers-retours épuisants entre les deux côtes. L'administration Trump saura-t-elle attirer plus de profils comme le sien au sein du gouvernement ? La question reste entière.
