Le défi titanesque du transport d’hydrogène par pipelines en Europe
4 millions de tonnes d'hydrogène transportées par pipeline en Europe en 2030. C'est l'objectif ambitieux fixé par le plan RepowerEU pour acheminer l'hydrogène vert depuis les lieux de production vers les zones de consommation. Mais alors que cette échéance approche à grands pas, le chantier de conversion des infrastructures gazières existantes et de construction de nouveaux pipelines dédiés ne fait que débuter. Un immense défi pour les opérateurs qui s'activent sur le sujet.
Des corridors hydrogène à travers toute l'Europe
Pour permettre le transport de l'hydrogène bas carbone à grande échelle, l'initiative européenne Hydrogen Backbone prévoit la création de 5 grands corridors :
- Deux relieront l'Afrique du Nord à l'Europe du Sud et du Sud-Ouest
- Un troisième connectera l'Europe de l'Est à celle du Sud-Est
- Le quatrième parcourra la mer du Nord
- Le dernier desservira les régions nordiques et baltes
Le projet H2Med, entre la France et l'Espagne, sera le premier maillon de ce réseau. Il comportera notamment un tronçon offshore de 400 km entre Marseille et Barcelone, ainsi qu'une section de 800 km entre Fos-sur-Mer et Nancy pour relier les bassins industriels français et allemands.
GRTgaz dans les starting-blocks
En France, GRTgaz est en première ligne pour adapter son réseau de gazoducs au transport d'hydrogène pur. Mais la tâche est ardue explique Geoffroy Anger, responsable transport hydrogène et CO2 chez GRTgaz :
Des interrogations concernent la fragilisation des tubes par l'hydrogène si les conditions d'exploitation conduisent à de trop grandes amplitudes de pression.
– Geoffroy Anger, GRTgaz
Pour lever ces incertitudes, le transporteur gazier multiplie les essais sur sa plateforme de recherche FenHyx. L'objectif : valider des protocoles et modéliser le comportement des matériaux en contact avec l'hydrogène sous pression. Il faudra ensuite remplacer de nombreux équipements (vannes, robinets...) par des pièces étanches compatibles.
Un tiers du coût d'un pipeline neuf
Malgré ces travaux conséquents, GRTgaz estime que l'adaptation d'un gazoduc existant ne représenterait qu'un tiers de l'investissement nécessaire à la construction d'une canalisation neuve. De quoi accélérer le déploiement des infrastructures hydrogène, indispensable pour atteindre les objectifs de décarbonation.
Mais le temps presse. Les études de faisabilité des premiers projets européens viennent à peine d'être lancées. Il faudra des efforts colossaux et une mobilisation de tous les acteurs pour tenir les délais et faire de l'Europe un hub mondial de l'hydrogène décarboné. La course contre la montre est lancée !