Le Dialogue Assureurs-Entreprises Face aux Risques Climatiques
Dans un contexte où les catastrophes naturelles se multiplient, pesant lourdement sur les résultats des assureurs, le dialogue entre ces derniers et leurs clients entreprises prend une dimension nouvelle. Anticiper, quantifier, prévenir : l'adaptation aux risques climatiques passe par une collaboration renforcée, non sans défis à relever.
Le coût croissant des sinistres climatiques
Entre 2020 et 2023, les sinistres climatiques ont coûté en moyenne 6 milliards d'euros par an aux assureurs en France, contre 3,7 milliards la décennie précédente. Face à cette hausse, l'association des risk managers Amrae observe un recul de l'assurance, avec des tarifs et franchises en hausse, des garanties réduites, voire des refus de couverture dans certaines zones à risque.
On ne pourra pas donner un blanc-seing à tout le monde sans conditions. En cas d'inaction, le coût de l'assurance va augmenter mais il est tout à fait possible de tempérer la hausse.
– Simon Blaquière, Generali
L'enjeu de la prévention
Pour les assureurs, la prévention devient un levier essentiel pour maintenir l'assurabilité des risques climatiques. Cela passe par un accompagnement renforcé des entreprises, en particulier les grands groupes, pour :
- Cartographier les risques site par site
- Évaluer le niveau de préparation actuel et futur
- Recommander des mesures de protection adaptées
Certains assureurs développent des outils spécifiques comme des rapports de résilience climatique ou des études prospectives sur les impacts à horizon 2030-2050. L'objectif : passer de la donnée à l'effort d'ingénierie pour optimiser les systèmes.
Des risques difficiles à modéliser
Malgré ces avancées, certains aléas climatiques restent complexes à intégrer dans les modèles assurantiels, comme la montée du niveau des mers ou les épisodes de grêle très localisés. Les entreprises pointent aussi un manque de transparence sur les activités potentiellement inassurables à moyen terme, et sur l'impact des risques climatiques dans la tarification.
Si les assureurs ne partagent pas ces informations, ils créent un vrai problème stratégique pour l'assuré. Déménager un site ou le protéger ne prend pas six mois, mais cinq ou dix ans.
– Michel Josset, Amrae
Accélérer sur l'adaptation
Pour renforcer la résilience du tissu économique, des acteurs comme Bpifrance intègrent désormais le risque climatique dans l'analyse des dossiers de financement. Un outil dédié permet d'identifier les risques et impacts potentiels pour chaque entreprise. En cas d'exposition significative sans mesures suffisantes, la banque publique peut conditionner son soutien à un diagnostic et un plan d'adaptation.
Dans un monde où les catastrophes naturelles deviennent la norme, le dialogue assureurs-entreprises sur les risques climatiques n'est plus une option. Répondre à l'urgence de l'adaptation appelle une collaboration transparente et proactive. Car c'est bien la résilience de notre modèle économique qui est en jeu.