Le Dirigeable Cargo du Futur: Flying Whales Vise 2026
Dans un monde en quête de solutions de transport durable, une startup française ose rêver grand. Flying Whales développe un dirigeable cargo révolutionnaire, capable de transporter des charges lourdes et volumineuses dans les zones les plus reculées. Un pari fou ? Peut-être. Mais l'aventure Flying Whales est en marche, avec comme objectif une première usine en Gironde dès 2026.
Un dirigeable pour désenclaver les territoires
L'idée de Flying Whales est simple : concevoir un dirigeable de 200 mètres de long, le LCA60T, capable de transporter 60 tonnes de fret. Soit l'équivalent de 30 camions. L'objectif ? Désenclaver des zones difficiles d'accès comme les massifs forestiers ou les sites isolés, tout en réduisant drastiquement l'empreinte carbone par rapport aux solutions traditionnelles.
Le concept séduit. Des géants comme Vinci Energies, TotalEnergies et Engie Green ont déjà signé des accords précommerciaux. Des investisseurs publics, du Québec à la Nouvelle-Aquitaine, soutiennent le projet. La promesse d'une réduction de 55% des émissions de CO2 et la perspective de créer des emplois en région font rêver.
Un nouveau dirigeant pour porter la vision
Pour porter cette vision ambitieuse, Flying Whales s'est choisi un nouveau capitaine en 2024. Vincent Guibout, polytechnicien passé par l'Université du Michigan et ancien directeur de programmes chez le missilier MBDA. Sa mission : faire de Flying Whales un "Airbus des dirigeables". Rien que ça.
Toute proportion gardée, il s'agit de développer sur le segment des dirigeables un concepteur-constructeur comme Airbus pour les avions, et un opérateur similaire à un Air France et à un ADP réunis
Vincent Guibout, PDG de Flying Whales
Des défis techniques et financiers
Mais la route est encore longue et semée d'embûches pour Flying Whales. Le programme accuse déjà 4 ans de retard sur son calendrier initial. La faute à une accumulation de difficultés techniques, accentuées par la crise du Covid-19 qui a vu certains partenaires industriels jeter l'éponge.
Le départ du partenaire chinois Avic, pourtant actionnaire historique, a aussi été un coup dur. Officiellement pour des raisons géopolitiques entre la Chine et le Canada, autre soutien de la première heure. Heureusement sans conséquence sur le développement technique, assure Vincent Guibout.
Restent les défis financiers. Car développer un dirigeable nouvelle génération a un coût. Estimé à près de 500 millions d'euros au total. Flying Whales a déjà réuni plus de la moitié, via trois levées de fonds et le soutien d'acteurs publics français et québécois. Une quatrième levée de 150 à 200 millions d'euros est en cours, avec des investisseurs privés et l'espoir d'attirer des fonds australiens.
L'usine française dans le viseur des écologistes
Autre écueil majeur pour Flying Whales : les réticences environnementales autour de son projet d'usine à Laruscade, en Gironde. Malgré une promesse de 300 emplois directs, l'Autorité environnementale a émis un avis défavorable fin 2024, pointant la proximité d'une zone Natura 2000 et demandant un site alternatif.
Flying Whales assure avoir fait le maximum, intégrant un ensemble d'aménagements pour réduire l'impact du site. Si la Region Nouvelle-Aquitaine soutient mordicus le projet, l'avenir de l'usine, espérée pour 2026, est encore flou. "Réindustrialiser la France est complexe", reconnait, fataliste, Vincent Guibout.
Des choix techniques en question
Au delà, c'est la pertinence même du dirigeable cargo de Flying Whales qui est questionnée. Son domaine opérationnel contraint (vol à vue, limitation par le vent et les conditions météo...) ne risque-t-il pas de cantonner son usage à des niches ?
Flying Whales met en avant ses 32 propulseurs électriques pour contrôler sa trajectoire. Son astucieux système de ballast à eau pour gérer les variations de masse à l'atterrissage. Et promet que son dirigeable, une fois construit, ne consommera que 1% de la production mondiale annuelle d'hélium.
Cap sur 2026 malgré vents et marées
Autant de défis à relever pour Flying Whales. Mais la startup veut y croire. Portée par la promesse de révolutionner le transport de charges lourdes, de désenclaver les territoires et de s'inscrire dans une logique bas-carbone.
Les prochains mois seront décisifs. Nouvelle levée de fonds, décision sur l'usine de Laruscade, conception détaillée, intégration des premiers équipements critiques... Le tout avec l'objectif d'un premier vol en 2026 et une entrée en service avant la fin de la décennie. Le dirigeable cargo du futur va devoir prouver qu'il n'est pas qu'un mirage.