Le Fonds de Soutien à l’Aéronautique en Question

Alors que le secteur aéronautique repart de l'avant après la crise du Covid, le lancement de la seconde mouture du fonds de soutien à la filière ne se déroule pas sans accrocs. Baptisé Aéro Partenaires 2 et opéré par Tikehau Capital, ce véhicule d'investissement vient de boucler un premier tour de table à 425 millions d'euros. L'objectif final est d'atteindre les 800 millions pour épauler les fournisseurs en difficulté et accompagner la croissance des PME. Pourtant, derrière les effets d'annonce, les dissensions sont palpables entre les principaux acteurs du secteur.

Airbus en pointe, les autres réticents

Si le géant européen Airbus s'est fortement mobilisé pour remettre sur pied cet outil de soutien, ses partenaires Safran, Thales et Dassault Aviation se montrent bien plus mesurés. Le premier aurait mis sur la table pas moins de 100 millions d'euros quand les deux derniers se seraient contentés d'une dizaine de millions chacun. Au-delà du «ticket d'entrée», c'est la pertinence même du dispositif que certains interrogent.

Il aurait fallu viser 2 milliards d'euros cette fois et non pas 800 millions pour répondre aux besoins de la filière.

– Une source proche du dossier

Un outil peu adapté aux plus fragiles ?

Pour le dirigeant de Thales Patrice Caine, pas besoin des conseils de financiers sur un secteur qu'il connaît sur le bout des doigts. Mais au-delà des divergences stratégiques entre avionneur et équipementiers, d'aucuns doutent de la capacité d'Aéro Partenaires 2 à sauver les fameux «maillons faibles». Les objectifs de rentabilité fixés par Tikehau ne colleront pas forcément avec le profil des PME en souffrance.

Des moyens jugés insuffisants

Avec 425 millions levés à date et un target à 800 millions, le fonds est également considéré comme sous-dimensionné par certains observateurs. Il faudrait viser plutôt les 2 milliards d'euros pour avoir un réel impact sur un écosystème de plusieurs milliers d'entreprises. Un avis que ne partage visiblement pas Tikehau Capital, qui se dit confiant dans la réussite de ce véhicule malgré les réserves exprimées.

• Aéro Partenaires 2 vise une levée de 800 M€ au total
• Airbus a contribué à hauteur de 100 M€
• Thales et Dassault n'ont mis que 10 M€ chacun

Un rôle malgré tout

Malgré les doutes et les divergences, ce fonds de soutien aura un rôle à jouer pour renforcer le tissu de PME. Après avoir joué la carte de la consolidation pendant la crise, l'heure est à l'accompagnement de la reprise. Reste à savoir si les moyens seront à la hauteur des enjeux dans une filière stratégique mais fragile. La deuxième vie d'Aéro Partenaires sera en tout cas suivie de près.