Le fonds Private Assets prêt à relancer la Fonderie de Bretagne
La Fonderie de Bretagne, spécialisée dans les pièces de transmission et basée à Caudan dans le Morbihan, pourrait bien sortir la tête de l'eau grâce à une nouvelle offre de reprise. Le fonds de retournement allemand Private Assets a en effet déposé jeudi 25 juillet dernier une offre ferme pour reprendre cette usine comptant 300 salariés. Mais cette main tendue est assortie de conditions, et Renault, ex-propriétaire du site, est appelé à jouer un rôle clé.
Private Assets pose ses conditions
Bien que la situation financière de la Fonderie de Bretagne se soit améliorée en 2023, avec des ventes en hausse de 21% à 46,5 millions d'euros, elle reste déficitaire. Le repreneur potentiel Private Assets est prêt à prendre les rênes, mais pas à n'importe quel prix.
Bjorn Schlosser, président de la filiale française de Private Assets, a été clair sur les attentes :
Nous voulons que le plan accepté par Renault il y a deux ans reste en place. Et nous avons besoin que Renault s'engage jusqu'en 2028 avec des volumes de commandes suffisants.
Bjorn Schlosser, Private Assets
Un plan de survie négocié avec Renault en 2022
Pour rappel, le plan évoqué prévoyait le financement par Renault d'un programme de modernisation de l'appareil productif à hauteur de 32 millions d'euros, ainsi que la garantie des pertes opérationnelles de la fonderie, plafonnée à 30 millions d'euros. Des engagements conséquents pour le constructeur automobile qui avait cédé le site en novembre 2022 au fonds Callista.
95% des ventes encore liées à Renault
Aujourd'hui encore, 95% des ventes de la Fonderie de Bretagne dépendent de Renault. Un chiffre que le directeur général Jérôme Dupont souhaite faire descendre à 20-25% d'ici 2028 grâce à un processus de diversification entamé récemment. 8 nouveaux clients ont déjà été séduits, et une dizaine d'autres sont en négociation.
Private Assets, un accélérateur pour la diversification ?
L'arrivée de Private Assets pourrait justement donner un coup de boost à cette nécessaire diversification. La société d'investissement possède déjà plusieurs fonderies en Europe (en Allemagne et en Espagne) regroupées au sein de sa filiale Procast Guss. Des sites "sous-capacitaires" d'après Jérôme Dupont, qui pourraient donc réorienter une partie de leurs commandes vers la Fonderie de Bretagne.
Bjorn Schlosser voit même plus loin :
On a un plan pour faire passer la Fonderie de Bretagne de 18 000 à 32 000 tonnes de production en deux ou trois ans. En unissant nos forces, on pourrait créer un leader européen du secteur.
Bjorn Schlosser, Private Assets
L'avenir de la fonderie en question
Les prochaines semaines seront décisives pour l'avenir de la Fonderie de Bretagne et de ses 300 salariés. Des discussions exclusives vont s'engager entre Callista, l'actuel propriétaire, et Private Assets. Avec en toile de fond l'ombre de Renault, dont l'engagement sera scruté et déterminant.
La fonderie, dernier vestige de la métallurgie bretonne, jouera là une partie de son avenir. Réussir sa diversification tout en conservant l'appui de son principal client historique, voilà l'équation complexe à résoudre. Les salariés retiennent leur souffle, espérant que cette nouvelle page qui s'ouvre sera porteuse d'espoir.