Le fret ferroviaire français scindé pour éviter la faillite
Le paysage ferroviaire français est en pleine mutation en ce début d'année 2025. Fret SNCF, la branche transport de marchandises de la SNCF, a été dissoute le 1er janvier pour donner naissance à deux nouvelles entités : Hexafret et Technis. Cette restructuration profonde vise à éviter la faillite de l'opérateur historique, menacé de devoir rembourser une aide publique de 5,3 milliards d'euros jugée non conforme par la Commission européenne.
Un défi européen pour le fret ferroviaire tricolore
La scission de Fret SNCF répond à ce que Frédéric Delorme, président de Rail Logistics Europe, qualifie d'« oukase de Bruxelles ». L'Union européenne considère en effet que l'aide massive versée par l'État français à sa compagnie ferroviaire publique dans le cadre de la dernière réforme constitue une distorsion de concurrence. Pour éviter un remboursement qui aurait mis Fret SNCF en faillite, le gouvernement Borne a donc proposé un schéma de discontinuité en mai 2023.
Concrètement, Hexafret et Technis reprennent les activités de l'ex-Fret SNCF mais amputées de 23 flux, soit environ 20% du chiffre d'affaires. Une cure d'amaigrissement douloureuse mais jugée nécessaire pour répondre aux exigences de Bruxelles et assainir les comptes.
500 emplois supprimés mais aucun licenciement
Si cette réorganisation entraîne la suppression de 500 postes, la direction assure qu'aucun licenciement n'aura lieu. « Tous les personnels retrouvent un emploi, soit dans le fret pour compenser les départs à la retraite, soit dans les TER où il y a beaucoup de besoins » détaille Frédéric Delorme. Un reclassement facilité par les nombreux postes à pourvoir au sein du groupe public ferroviaire.
Un accord de Bruxelles attendu en 2026
Si la scission est effective depuis le 1er janvier, le plan de restructuration ne sera définitivement validé par la Commission européenne qu'en 2026. Bruxelles a en effet conditionné son accord à l'entrée d'un investisseur privé au capital d'Hexafret et Technis, en position minoritaire aux côtés de l'État. Les négociations sont en cours et le verdict final ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois.
Les organisations syndicales évoquent « la liquidation de Fret SNCF » et s'inquiètent des conséquences sociales de cette restructuration.
Reste à savoir si ce « big bang » permettra au fret ferroviaire français de redevenir durablement compétitif face à la route. Un sacré défi dans un contexte de libéralisation du rail et alors que la part modale du ferroviaire ne cesse de s'effriter depuis des décennies. Les nouvelles entités Hexafret et Technis, séparées mais adossées à leur puissante maison-mère, auront fort à faire pour inverser la tendance et s'imposer dans un secteur en pleine mutation.
Les principales étapes de la restructuration :
- Mai 2023 : Le gouvernement propose un plan de scission à Bruxelles
- Janvier 2025 : Fret SNCF est dissous, Hexafret et Technis sont créés
- 2026 : Validation attendue du plan par la Commission européenne