Le Futur de L’Énergie: Marc Ferracci Propose une Loi Révolutionnaire
Alors que la France accélère sa transition énergétique, le nouveau ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci, envisage de reprendre le projet de loi de programmation et de simplification dans le secteur énergétique. Un texte qui pourrait bien révolutionner le paysage énergétique français en permettant de relever les défis du raccordement électrique des industriels et du financement des nouveaux réacteurs nucléaires EPR.
Le raccordement électrique : un frein à la décarbonation de l'industrie
Lors d'un entretien avec la presse le 17 janvier, Marc Ferracci a placé le sujet du raccordement des industriels au réseau électrique en haut de la pile de ses préoccupations énergétiques. Les délais trop longs pour accéder aux réseaux de RTE bloqueraient des projets d'électrification d'industriels souhaitant se décarboner. Un projet industriel aurait même été annulé pour cette raison.
Pour résoudre ce problème crucial, le ministre envisage de reprendre la proposition de loi du sénateur Daniel Gremillet portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur de l'énergie. Marc Ferracci évoque le "travail de co-construction qui avait été mené avec la ministre Olga Givernet" sur ce texte, sans pour autant s'engager à le reprendre tel quel.
L'hydrogène, un autre chantier prioritaire
Outre le raccordement électrique, l'accès sur le long terme à une électricité décarbonée compétitive est un autre sujet bloquant. Des négociations sont toujours en cours entre EDF et les électro-intensifs sur le prix de l'électricité nucléaire historique via les contrats d'allocation de production nucléaire (CAPN). Le ministre estime qu'on "se rapproche d'un point d'équilibre" suite à une proposition "mieux disante" d'EDF fin 2024.
Marc Ferracci annonce aussi qu'il présentera prochainement la stratégie nationale hydrogène révisée, fruit d'une réflexion sur les usages prioritaires pouvant trouver un modèle économique. La capture de CO2 fait également partie des autres chantiers poursuivis, dans la continuité des actions engagées par ses prédécesseurs.
Le casse-tête du financement des futurs EPR
Quant à l'épineux sujet du financement des futurs EPR2, le ministre explique qu'un "dialogue méthodologique" est en cours entre EDF et les administrations en charge du dossier pour avoir "une vision consensuelle". Le nouveau chiffrage d'EDF serait en effet très nettement supérieur au dernier connu, réévalué à 79,9 milliards d'euros 2024 par la Cour des comptes.
Il faut d'abord savoir ce qu'on doit financer et à quel moment avant de décider du mode de financement.
Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Énergie
Pour l'instant, la piste privilégiée par le gouvernement serait plutôt un prêt d'État à EDF à taux zéro. La proposition de partenariats publics-privés évoquée par le président de Vinci n'engagerait pour l'instant que lui selon le ministre.
Une loi énergie pour accélérer la transition
Avec ce projet de loi de programmation énergétique, Marc Ferracci entend donner un coup d'accélérateur à la transition énergétique française. En simplifiant les procédures de raccordement électrique et en clarifiant le cadre de financement des nouveaux réacteurs nucléaires, le texte pourrait lever des freins majeurs à la décarbonation de l'industrie et à la souveraineté énergétique.
Reste à savoir comment ce projet de loi, abandonné par le précédent gouvernement, pourra être remis à l'agenda parlementaire déjà bien chargé. Le ministre devra convaincre ses collègues de l'exécutif de lui faire une place, en utilisant une niche parlementaire ou en prenant sur le temps législatif du gouvernement. Un défi de taille, à la hauteur des enjeux énergétiques français.
La transition énergétique française est donc à un tournant. Entre le nouveau nucléaire, les énergies renouvelables, l'hydrogène ou encore la capture de CO2, les chantiers sont nombreux et les arbitrages complexes. Mais avec cette potentielle loi de programmation énergétique, Marc Ferracci entend bien se donner les moyens de ses ambitions pour accélérer la décarbonation et renforcer la souveraineté énergétique du pays. Les prochains mois seront décisifs.