Le Futur du Deep Tech à Palo Alto ce Soir
Imaginez une soirée de décembre en Californie où quelques dizaines de personnes vont découvrir, avant tout le monde, les technologies qui façonneront vraiment les quinze prochaines années. Pas les gadgets grand public, pas les applications qui font le buzz sur TikTok. Non : les briques fondamentales, celles qui décident si un pays reste souverain ou devient dépendant. Ce soir, 3 décembre 2025, à Palo Alto, c’est exactement ce qui se passe lors de la dernière soirée StrictlyVC de l’année.
Quand le deep tech sort enfin de l’ombre
Le deep tech, ce n’est pas sexy au premier regard. Ce sont des années de R&D, des budgets colossaux, des physiciens qui parlent de lasers à excimères et de plasmas à 100 000 degrés. Pourtant, c’est précisément ce qui détermine qui dominera l’intelligence artificielle, la défense, la santé ou l’énergie demain. Et ce soir, quatre intervenants exceptionnels vont expliquer, en termes presque compréhensibles, pourquoi tout est en train de basculer.
Nicholas Kelez veut ramener les machines EUV aux États-Unis
Chaque puce avancée sur Terre – que ce soit dans votre iPhone, dans les serveurs d’OpenAI ou dans les missiles hypersoniques – passe dans une machine qui coûte 400 millions de dollars. Il en existe une seule marque capable de les fabriquer : ASML, aux Pays-Bas. Ironie de l’histoire, la technologie a été inventée aux États-Unis… puis vendue.
Nicholas Kelez a passé vingt ans au Département de l’Énergie américain à construire des accélérateurs de particules jugés impossibles. Aujourd’hui, il attaque le monopole ASML avec une approche radicale : utiliser les principes des accélérateurs pour créer la prochaine génération de sources lumineuses EUV, mais made in USA. Le niveau technique est vertigineux, mais l’enjeu géopolitique l’est encore plus.
« On a externalisé la technologie la plus critique du XXIe siècle. Il est temps de la reprendre. »
– Nicholas Kelez (approximation rapportée par les organisateurs)
Max Hodak : l’homme qui rend la vue aux aveugles et veut aller bien plus loin
Max Hodak a cofondé Neuralink avec Elon Musk avant de partir créer Science Corp. Son premier produit ? Un implant rétinien qui a déjà rendu une forme de vision à plusieurs dizaines de personnes totalement aveugles. Ce n’est que l’échauffement.
Il travaille maintenant sur des interfaces cerveau-machine « biohybrides » : des puces ensemencées de cellules souches qui littéralement poussent dans le tissu cérébral. L’objectif : permettre à des personnes paralysées de contrôler n’importe quel appareil par la pensée, avec une précision jamais atteinte. Et Hodak le dit sans détour : d’ici 2035, le monde sera méconnaissable.
Ce qui impressionne, c’est qu’il ne vend pas du rêve : il a déjà les premiers patients qui voient grâce à lui.
La bague qui lit vos pensées murmurées : Sandbar sort du stealth
Mina Fahmi et Kirak Hong ont passé des années chez Meta après le rachat de leur précédente startup. Leur nouveau bébé ? Une bague appelée Stream Ring qui capte les micro-mouvements de votre gorge quand vous murmurez sans émettre de son, puis les transforme en texte. Pas de micro, pas d’écoute permanente : juste une extension discrète de votre cerveau.
Derrière eux, Toni Schneider – l’homme qui a fait de WordPress un empire – et True Ventures (Peloton, Ring, Fitbit). Quand ce genre de pedigree mise sur un produit aussi étrange, on écoute.
Les VC qui trouvent que tout le monde se trompe
Chi-Hua Chien (Goodwater Capital) et Elizabeth Weil (Scribble Ventures) ont investi dans Twitter, Spotify, SpaceX, Slack ou Coinbase quand personne n’y croyait. Leur diagnostic aujourd’hui ? Silicon Valley gaspille des dizaines de milliards dans l’IA d’entreprise « me-too » pendant que les vrais leviers de puissance se jouent ailleurs.
Ils viendront expliquer où, selon eux, se trouve le véritable or du prochain cycle.
Pourquoi ce genre de soirée change tout
StrictlyVC a déjà vu Sam Altman annoncer en 2019, devant quelques centaines de personnes, que la stratégie d’OpenAI était « construire l’AGI puis demander à l’AGI comment monétiser ». Tout le monde a ri. Trois ans plus tard, ChatGPT.
Ces soirées fonctionnent parce qu’elles arrivent exactement au moment où les technologies passent du « trop tôt » au « juste à temps ». Les places sont rares, l’ambiance est directe, les questions sans filtre.
Ce soir, Playground Global ouvre ses portes (et Pat Gelsinger, ex-CEO d’Intel, sera dans la salle). Boire un verre avec les gens qui fabriquent littéralement le futur, ça ne se refuse pas.
Ce qu’il faut retenir pour 2026 et au-delà
- Les semi-conducteurs redeviennent un enjeu de souveraineté absolue
- Les interfaces cerveau-machine passent du stade expérimental au stade produit
- Les extensions cognitives discrètes (type bague) arrivent avant les casques encombrants
- Une partie significative de la valeur va fuir l’IA applicative pour revenir vers les infrastructures dures
En une soirée, on passe du bruit quotidien des réseaux sociaux à la compréhension profonde des forces qui redessinent vraiment le monde. C’est rare. C’est précieux.
Si vous êtes à San Francisco ou dans la Bay ce soir, il reste quelques places. Sinon, gardez un œil sur les comptes rendus qui sortiront demain : ce qui sera dit ce soir à Palo Alto commencera probablement à se retrouver dans vos fils d’actualité… dans cinq ou dix ans.
Le futur, ça commence souvent dans une petite salle avec quelques verres et des gens qui savent de quoi ils parlent. Ce soir, c’est l’un de ces moments.