Le Futur se Dessine à Palo Alto en Décembre
Imaginez une soirée de décembre en Californie où l’on vous explique, calmement, que dans dix ans vous contrôlerez votre ordinateur par la pensée, que les États-Unis reprendront la main sur les machines qui fabriquent les puces les plus avancées du monde et que votre bague saura lire vos murmures avant même que vous ne les formuliez. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est ce qui se passera le 3 décembre 2025 à Palo Alto lors de la dernière soirée StrictlyVC de l’année.
Pourquoi cet événement est déjà la soirée la plus convoitée de la Silicon Valley
StrictlyVC, la série d’entretiens lancée par Connie Loizos (ex-TechCrunch, désormais à la tête du navire), a pris l’habitude de réunir les esprits les plus brillants avant que le reste du monde ne comprenne leur importance. Sam Altman y avait annoncé en 2019, devant un public hilare, qu’OpenAI construirait d’abord l’AGI puis demanderait à l’intelligence artificielle comment la monétiser. Personne ne rira plus ce genre de blague.
Cette fois, l’événement se tient chez Playground Global, le fonds fondé par d’anciens de Google X et accueilli par Pat Gradin, l’ex-PDG d’Intel. Places limitées, billets partis en quelques heures. Voici pourquoi.
xLight : ramener aux États-Unis la technologie qui fabrique vos puces
Tous les processeurs dernier cri – ceux d’Apple, Nvidia, TSMC – dépendent d’une seule technologie : la lithographie extrême ultraviolet (EUV). Une seule entreprise au monde sait la fabriquer : ASML, aux Pays-Bas. Une machine coûte 400 millions de dollars et les États-Unis, qui ont inventé la technologie, l’ont… vendue à l’Europe il y a trente ans.
Nicholas Kelez a passé vingt ans au Département de l’Énergie américain à construire des accélérateurs de particules jugés impossibles. Aujourd’hui, chez xLight, il reprend la technologie EUV avec les principes de la physique des particules. Objectif : produire en Amérique des machines plus performantes, moins chères, et surtout indépendantes.
« Nous utilisons les mêmes concepts qui font fonctionner le LHC du CERN pour créer la prochaine génération de lithographie. »
– Nicholas Kelez, fondateur de xLight
En pleine guerre technologique sino-américaine, l’enjeu n’est pas seulement économique : il est stratégique.
Science Corp : quand les cellules souches poussent directement sur votre implant cérébral
Max Hodak a cofondé Neuralink avec Elon Musk, puis est parti créer Science Corp. Sa première prouesse : redonner la vue à des dizaines de personnes aveugles grâce à des implants rétiniens. La prochaine étape est encore plus folle.
Il développe des interfaces cerveau-machine « biohybrides » : l’implant est ensemencé de cellules souches qui, une fois posé, se développent et s’intègrent naturellement au tissu cérébral. Résultat : plus de rejet, connexion plus profonde, et potentiellement la capacité pour une personne paralysée de contrôler n’importe quel appareil par la pensée.
Hodak le dit sans détour : en 2035, notre rapport au numérique aura plus changé qu’entre 2007 (sortie de l’iPhone) et aujourd’hui.
Stream Ring : la bague qui lit vos pensées… murmurées
Mina Fahmi et Kirak Hong ont passé des années chez Meta Reality Labs après le rachat de leur précédente startup. Ils en sont ressortis avec une conviction : le clavier et l’écran tactiles sont déjà obsolètes.
Leur création, la Stream Ring, est une bague qui capte les micro-mouvements de votre gorge quand vous murmurez intérieurement et les transforme instantanément en texte. Pas de micro, pas de caméra : uniquement des capteurs neuromusculaires. Soutenu par Toni Schneider (l’homme qui a fait de WordPress un empire et investisseur historique de Ring, Fitbit, Peloton), Sandbar sort enfin du stealth.
- Vous pensez « répondre à Pierre que je suis en retard » → le message s’écrit tout seul
- Vous notez une idée en réunion sans sortir votre téléphone
- Vous dictez un mail en marchant dans la rue, sans un son
Le futur des interfaces n’est plus vocal. Il est sub-vocal.
Chi-Hua Chien et Elizabeth Weil : « La Valley se trompe de guerre »
Chi-Hua Chien (Goodwater Capital) et Elizabeth Weil (Scribble Ventures) ont investi dans Twitter, Spotify, Slack, SpaceX, Figma ou Coinbase quand personne n’y croyait. Leur fonds respectifs affichent des multiples qui font pâlir la concurrence.
Ils viendront expliquer pourquoi, selon eux, tout l’argent qui se déverse aujourd’hui dans l’IA d’entreprise est une erreur historique. Leur thèse : les véritables ruptures se jouent ailleurs – dans la biologie synthétique, les nouvelles interfaces, l’énergie, les matériaux. Et surtout dans les applications grand public que plus personne n’ose financer.
« On reproduit l’erreur du cloud en 2010 : tout le monde court derrière les mêmes deals enterprise pendant que les vrais 100x se construisent dans l’ombre, pour le consommateur. »
– Elizabeth Weil, fondatrice de Scribble Ventures
Pourquoi vous devriez suivre cet événement même si vous n’y êtes pas
Parce que ces soirées StrictlyVC ont une particularité : elles capturent le moment exact où une technologie passe du statut « farfelu » à « inévitable ». En 2019, on riait d’AGI. En 2022, on découvrait les premiers implants qui redonnaient la vue. En 2025, on va comprendre que :
- Les États-Unis sont en train de reprendre le contrôle de la chaîne semi-conducteur
- Les interfaces cerveau-machine biohybrides arrivent plus vite que prévu
- La prochaine révolution d’interface ne sera ni vocale ni gestuelle : elle sera neuronale
- Les investisseurs les plus lucides parient déjà sur le post-AI
Le 3 décembre 2025 à Palo Alto, quelques centaines de personnes auront six mois d’avance sur le reste du monde.
Et comme toujours avec StrictlyVC, les vidéos et les comptes-rendus circuleront rapidement. Restez attentifs.
Le futur ne se prédit pas. Il se construit en ce moment même, dans une salle aux lumières tamisées de Palo Alto, autour d’un verre et de discussions qui feront date.