Le Jeu des Chaises Musicales chez les Capital-Risqueurs
Le monde feutré du capital-risque est secoué en 2024 par une vague de changements de postes sans précédent. Pourtant habitués aux engagements de long terme, les partenaires des grands fonds multiplient les départs, les come-back et les lancements de nouvelles structures. Un véritable jeu de chaises musicales qui bouscule les équilibres de l'écosystème.
Le grand chambardement des VC
Depuis janvier, les annonces s'enchaînent à un rythme effréné dans la sphère des investisseurs en capital-risque. Parmi les mouvements les plus marquants :
- Keith Rabois, général partner chez Founders Fund, fait son retour chez Khosla Ventures après 5 ans d'absence.
- Connie Chan, pilier d'Andreessen Horowitz, quitte le navire après 12 ans pour se lancer dans une nouvelle aventure.
- Eva Ho, co-fondatrice de Fika Ventures, passe la main pour des raisons personnelles.
Et la liste est encore longue : Ethan Kurzweil chez Bessemer, Alex Cook chez Tiger Global, Anne Lee Skates et James Da Costa chez Andreessen Horowitz… Tous ces ténors du VC ont fait leurs valises ces derniers mois, pour s'aventurer vers de nouveaux horizons.
Les spin-offs à la mode
Nombreux sont ceux qui profitent de l'occasion pour monter leur propre boutique. C'est le cas d'Ethan Kurzweil, qui quitte Bessemer après 16 ans pour lancer son propre fonds early-stage avec d'anciens d'Andreessen Horowitz et d'Index Ventures.
Il y a une explosion des "emerging managers", ces anciens de grands fonds qui se lancent en solo. Leur expérience et leur réseau leur permettent de lever rapidement des fonds conséquents.
- Un LP de la Silicon Valley
Terri Burns suit le même chemin en créant sa structure Type Capital, après un passage remarqué chez GV. Tout comme Sandhya Venkatachalam, qui quitte Khosla Ventures pour lancer Axiom Partners avec 50 millions de dollars sous gestion.
Le retour aux sources
À contre-courant, certains font le choix de revenir à leurs anciennes amours. Keith Rabois réintègre ainsi Khosla Ventures, tandis que Miles Grimshaw retourne chez Thrive Capital après un crochet par Benchmark.
Preuve que le capital-risque reste un petit monde, où l'on n'est jamais très loin de ses racines. Même après une longue absence, les portes restent ouvertes aux générations de partenaires qui ont façonné les fonds.
Les raisons du grand remue-ménage
Plusieurs facteurs expliquent cette valse inédite des investisseurs :
- La maturité de l'écosystème tech, qui pousse de plus en plus d'investisseurs expérimentés à voler de leurs propres ailes.
- L'appétit des family offices et des particuliers fortunés pour l'investissement dans les startups, facilitant la levée de nouveaux fonds.
- La volonté de certains de prendre du recul après des années à un rythme effréné, pour se recentrer sur leurs convictions.
Sans oublier la quête de sens et d'impact, moteur de plus en plus puissant pour toute une génération de VC en quête de nouveaux défis.
Quid de l'avenir ?
Si le phénomène prend de l'ampleur, il est encore trop tôt pour parler de tendance de fond. Les géants du capital-risque gardent une force d'attraction et des moyens colossaux. Nombre de partenaires historiques restent fidèles au poste.
Le VC reste un métier de passion, d'engagement et de vision sur le temps long. Les meilleurs partenaires ont tout intérêt à inscrire leur action dans la durée.
- Une partner d'un fonds de la Silicon Valley
Malgré tout, les lignes bougent. Aiguillonnés par la nouvelle garde, les acteurs historiques devront s'adapter aux aspirations des nouvelles générations d'entrepreneurs et d'investisseurs. Tout en gardant leur ADN et ce qui fait leur valeur ajoutée unique.
Une chose est sûre : la partie de chaises musicales n'est pas prête de s'arrêter dans l'univers bouillonnant du capital-risque. Aux grands fonds de jouer serré pour garder le rythme et continuer d'attirer les meilleurs talents !
