Le Made in France textile en crise face à la fast fashion
Tandis que les géants de la fast fashion affichent des croissances insolentes, le made in France du textile traverse une crise profonde. Zara, H&M ou Primark enregistrent des progressions de chiffre d'affaires quand les fleurons français accumulent les déboires. Un contraste saisissant qui soulève des interrogations sur l'avenir de la filière tricolore.
La fast fashion en plein boom
Les mastodontes de la mode rapide et peu chère poursuivent leur ascension fulgurante. Le leader Inditex (Zara, Bershka...) a vu ses ventes bondir de 7,1% en 2024. Même dynamique pour ses concurrents Primark (+6%) et H&M (stable). Et c'est sans compter l'émergence de l'ultra fast fashion incarnée par les chinois Shein et Temu qui trustent le e-commerce.
En 2022, les 59 plus gros metteurs en marché étaient à l'origine de 80% des textiles vendus en France, soit 2,6 milliards de produits sur 3,3 milliards au total.
– Chiffres de l'Ademe cités par les Amis de la Terre
Amazon vient de lancer aux États-Unis une plateforme similaire à Shein baptisée Amazon Haul. Si l'expérience s'avère concluante, le géant américain pourrait déployer ce concept en Europe. De quoi fragiliser encore plus l'industrie textile française.
Le made in France à la peine
Pendant ce temps, les acteurs emblématiques du made in France accumulent les déconvenues en 2024 :
- Le Slip Français contraint de brader ses stocks pour rester à flot
- Placement en redressement judiciaire pour Le Coq Sportif
- Liquidation de l'atelier de confection Lejaby
Des coups durs qui s'inscrivent dans un contexte global de désindustrialisation. Depuis 1990, la mode hexagonale a perdu près de 300 000 emplois. La crise actuelle, marquée par une flambée des coûts et des difficultés d'approvisionnement, accentue les problèmes structurels du secteur.
Une loi anti fast fashion en attente
En mars 2024, les députés ont adopté une proposition de loi visant à réguler la fast fashion, en ciblant notamment la publicité et la traçabilité des produits. Mais depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, le texte est en attente d'un examen au Sénat. Un coup d'arrêt dommageable selon plusieurs industriels.
Si un cadre législatif n'est pas adopté rapidement pour réguler le secteur, l'industrie textile française et ses commerces vont peu à peu disparaître.
– Analyse des Amis de la Terre
L'affichage environnemental, actuellement en consultation publique, devrait permettre de gommer en partie la moins-disance sociale et environnementale dont profite la fast fashion. Mais au-delà des mesures réglementaires, c'est un profond changement des modes de consommation qui apparaît nécessaire. Pour le climat et pour la pérennité de la filière, le passage à un habillement plus durable et réparable est incontournable.