Le magnat autrichien de l’immobilier René Benko arrêté
Le monde de l'immobilier autrichien est sous le choc. René Benko, le charismatique fondateur du groupe Signa, a été arrêté jeudi à l'aube dans sa luxueuse villa d'Innsbruck. Les procureurs le soupçonnent d'avoir tenté de dissimuler des actifs à ses créanciers dans le cadre de son insolvabilité personnelle. Une chute brutale pour celui qui était devenu en quelques années l'un des plus puissants magnats de l'immobilier européen.
L'irrésistible ascension de René Benko
Né en 1977 dans une famille modeste du Tyrol, René Benko a bâti son empire immobilier à une vitesse fulgurante. Après des débuts comme agent immobilier, il fonde Signa en 1999 à l'âge de seulement 22 ans. Le groupe connaît une croissance exponentielle, multipliant les acquisitions de prestige comme le célèbre Kaufhaus Tyrol à Innsbruck ou le Goldenes Quartier à Vienne.
En quelques années, Signa devient un acteur incontournable de l'immobilier commercial en Autriche et en Allemagne, avec un portefeuille valorisé à plus de 14 milliards d'euros. René Benko est adulé par la presse économique qui voit en lui un visionnaire et un exemple de réussite entrepreneuriale.
Un magnat controversé
Mais derrière l'image lisse du golden boy se cache une personnalité plus trouble. René Benko est connu pour son goût du luxe et son style de vie dispendieux. Montres de collection, voitures de sport, propriétés somptueuses : le magnat ne se refuse rien, cultivant une image bling-bling qui tranche avec la discrétion habituelle du milieu des affaires autrichien.
Son entregent et ses connexions politiques, notamment avec l'ancien chancelier Sebastian Kurz, soulèvent également des questions. En 2019, une enquête est ouverte sur des soupçons de financement illégal du parti de Kurz par Signa. Benko est brièvement arrêté puis relâché.
L'insolvabilité et les soupçons de fraude
Mais c'est sur le front de ses finances personnelles que le ciel s'assombrit pour René Benko. À la surprise générale, le milliardaire est déclaré insolvable en 2023. Criblé de dettes, il doit céder le contrôle de Signa à un fonds d'investissement américain.
Malgré cela, son train de vie fastueux ne semble pas se ralentir, attisant les soupçons. Les procureurs le suspectent d'avoir organisé son insolvabilité pour mettre des actifs à l'abri de ses créanciers, notamment via des montages offshore complexes. Selon les enquêteurs, il aurait dissimulé des armes de collection et des montres de luxe en les vendant à une fiducie au nom de sa fille.
"Il est soupçonné d'avoir dissimulé des actifs et conservé des actifs dans la fiducie hors de portée des autorités et des créanciers"
Le bureau central des procureurs pour la criminalité économique (WKStA)
René Benko conteste ces accusations et parle d'un "malentendu" via son avocat. Il a 48h pour convaincre le tribunal du bien-fondé de son maintien en détention.
Et maintenant ?
Cette nouvelle affaire ébranle encore un peu plus l'empire de Benko, déjà fragilisé par son insolvabilité. Si les malversations sont avérées, il risque une lourde peine de prison et de devoir rendre des comptes à ses créanciers floués. L'image du self-made man pourrait bien se fissurer durablement.
Au-delà du cas personnel de René Benko, cette affaire illustre les dérives d'un certain capitalisme bling-bling et pose la question du contrôle des puissants hommes d'affaires. Visionnaire ou escroc, flambeur ou fraudeur ? L'enquête devra trancher le vrai visage du magnat déchu de l'immobilier autrichien.