Le Mercosur, nouvel Eldorado pour les entreprises européennes ?
770 millions. C'est le nombre de consommateurs que compte le nouveau marché ouvert par l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur (marché commun sud-américain regroupant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay). De quoi faire saliver les entreprises du Vieux Continent en quête de relais de croissance. Mais derrière les opportunités se cachent aussi des défis de taille.
L'accord UE-Mercosur, une promesse dorée pour les entreprises européennes
Près de 20 ans de négociations auront été nécessaires pour aboutir à cet accord historique conclu le 28 juin 2019. En supprimant une grande partie des droits de douane entre les deux zones, il promet de doper les échanges commerciaux.
Côté européen, de nombreux secteurs pourraient en profiter :
- L'industrie automobile, avec l'abolition des taxes de 35% sur les voitures
- La chimie et la pharmacie, aujourd'hui taxées jusqu'à 18%
- Les équipements industriels, le textile, les cosmétiques...
Les pays du Mercosur constituent en effet des marchés en forte croissance, avec une classe moyenne en pleine expansion avide de produits de consommation. Un potentiel énorme pour les PME et startups innovantes européennes.
Des craintes et des défis à surmonter
L'accord ne fait toutefois pas l'unanimité en Europe. Des secteurs comme l'agriculture conventionnelle s'inquiètent de la concurrence des produits sud-américains, moins chers car soumis à des normes environnementales et sanitaires plus laxistes.
La France ne peut pas soutenir ce projet d'accord en l'état. Nous demandons des garanties supplémentaires.
Emmanuel Macron, Président de la République française
Pour les entreprises, conquérir ces nouveaux marchés ne sera pas non plus une promenade de santé. Il faudra composer avec :
- Des barrières culturelles et linguistiques non négligeables
- Une instabilité politique et économique chronique
- Des réglementations parfois complexes et changeantes
Quelle stratégie adopter ?
Pour se lancer, mieux vaut avancer prudemment :
- Réaliser une étude de marché approfondie
- S'appuyer sur des partenaires locaux fiables
- Adapter son offre aux spécificités culturelles
- Recruter des profils maîtrisant la langue et les codes
Un écosystème se structure d'ailleurs pour accompagner les entreprises européennes : organisations patronales, chambres de commerce, sociétés de conseil... Autant d'acteurs clés pour réussir son implantation.
Quel impact géopolitique ?
Au-delà des aspects économiques, l'accord revêt aussi une importance stratégique. Pour l'Europe, il s'agit de :
- Sécuriser son approvisionnement en matières premières (soja, minerais...)
- Contrer l'influence croissante de la Chine, premier partenaire commercial de la région
- Renforcer son soft power et promouvoir ses valeurs et normes
Mais cet accord pose question sur la cohérence de la politique commerciale européenne. La volonté affichée de promouvoir le développement durable et les droits humains est-elle compatible avec un accord favorisant un modèle agro-industriel intensif ?
Vers une mondialisation plus régulée ?
L'entrée en vigueur de l'accord n'est en tout cas pas pour demain. Il doit encore être ratifié par les 27 États membres de l'UE et les 4 pays du Mercosur. Un parcours semé d'embûches.
Certains, comme la France ou l'Autriche, menacent de ne pas le ratifier si des garanties contraignantes ne sont pas apportées en matière environnementale et sanitaire. L'actualité brûlante des incendies en Amazonie a jeté une lumière crue sur ces enjeux.
Au final, c'est peut-être vers une mondialisation plus régulée que nous nous dirigeons. Une mondialisation où la liberté des échanges s'accompagnerait de mécanismes de protection renforcés. Vaste programme, dans lequel entreprises, citoyens et États ont tous un rôle à jouer.