Le niobium, métal rare prometteur pour les batteries électriques
Alors que la course à l'électrification bat son plein, un métal rare jusqu'ici méconnu pourrait bien bousculer le marché des batteries : le niobium. Originaire principalement du Brésil, cet élément attire l'attention des industriels grâce à ses propriétés uniques. La start-up britannique Echion Technologies mise gros sur cette technologie et a levé récemment 35 millions d'euros pour industrialiser la production d'anodes au niobium. Pourquoi un tel engouement ?
Les atouts du niobium pour les batteries
Le niobium présente plusieurs avantages majeurs qui en font un candidat de choix pour les batteries du futur :
- Une recharge ultra-rapide : les anodes au niobium peuvent être rechargées en seulement 10 minutes contre plusieurs heures pour les batteries actuelles.
- Une durée de vie record : alors qu'une batterie de voiture électrique tient quelques milliers de cycles, le niobium permettrait de dépasser les 12 000 cycles.
- Une grande stabilité face aux vibrations et variations de température, idéale pour les applications industrielles.
En contrepartie, les batteries au niobium ont une densité énergétique un peu plus faible et un coût au kWh plus élevé que les batteries lithium-ion classiques. Mais pour certains usages, le jeu en vaut la chandelle.
Viser les engins miniers et véhicules lourds
C'est notamment le cas pour l'électrification des véhicules lourds comme les engins miniers ou les bus. Pour ces applications, la rapidité de recharge et la longue durée de vie apportent un avantage économique considérable sur le long terme. Echion Technologies cible en priorité les camions miniers géants consommant 2000 litres de diesel par jour. L'enjeu est de taille :
Équiper ces monstres de batteries de 1 à 2 MWh, rechargées une dizaine de fois par jour, permettrait de se passer de diesel.
– Jean de La Verpillière, PDG d'Echion Technologies
La start-up britannique n'est pas seule sur ce créneau. Le japonais Toshiba développe aussi des batteries au niobium pour les bus, en partenariat avec le géant minier brésilien CBMM, principal producteur de niobium dans le monde.
Un pari brésilien
CBMM mise gros sur cette technologie pour diversifier ses débouchés. Actuellement, le niobium est surtout utilisé comme additif pour renforcer les aciers. Mais le groupe brésilien espère que les batteries représenteront 25% de son chiffre d'affaires en 2030. Il a investi dans Echion et va ouvrir une usine capable de produire 2000 tonnes par an de matériaux d'anode au niobium.
Si le pari est réussi, cela pourrait redistribuer les cartes sur le marché des batteries, aujourd'hui dominé par la Chine. Le niobium est certes un métal rare, mais les réserves brésiliennes sont immenses. De quoi assurer un approvisionnement sécurisé et durable pour cette filière naissante.
Un horizon prometteur
Les batteries au niobium n'en sont encore qu'à leurs débuts, mais les perspectives sont alléchantes. En apportant une solution pour électrifier les véhicules les plus gourmands en énergie, cette technologie pourrait accélérer la transition énergétique dans des secteurs clés comme les mines ou les transports urbains. De quoi réconcilier performance et durabilité.
Alors, le niobium sera-t-il le métal star des batteries de demain ? Une chose est sûre : il faudra compter avec cet outsider venu du Brésil. La bataille de l'électrification ne fait que commencer et les cartes pourraient bien être rebattues grâce à ce nouveau venu inattendu.