Le pari audacieux du Québec sur l’innovation : un plan ambitieux

C'est reparti pour une nouvelle édition de Startupfest à Montréal, véritable camp d'été de la tech canadienne. L'occasion cette année de prendre le pouls de l'écosystème d'innovation québécois, en pleine mutation. Alors que le gouvernement provincial déploie son ambitieux plan de 7,5 milliards de dollars pour doper recherche et innovation, les acteurs sur le terrain s'adaptent, entre défis et opportunités.

Un plan d'envergure pour transformer l'économie québécoise

Avec cette stratégie d'investissement massif dévoilée l'an dernier, Québec a décidé de jouer dans la cour des grands. Objectif affiché : stimuler la productivité et propulser une R&D durable et évolutive à l'international. Une approche volontariste qui passe par des paris ciblés, des zones d'innovation aux accélérateurs en passant par les startups les plus prometteuses.

Pour être compétitives face aux startups américaines, israéliennes ou européennes, nos entreprises ont besoin de ce coup de pouce. Mais ce soutien a un coût bureaucratique, car le gouvernement veut savoir ce qui se passe avec son argent.

– Louis-Felix Binette, Directeur Exécutif de MAIN

L'écosystème en ordre de bataille

Pour le directeur de MAIN, qui chapeaute plus de 50 incubateurs et accélérateurs à travers le Québec, il s'agit de faire avec les cartes en main, plus que de se plaindre. «Nous travaillons à conectó mieux ces structures entre elles et avec le reste du Canada», explique-t-il, louant au passage les vertus d'une mise en commun des données et bonnes pratiques entre provinces.

Pas simple pour autant de jongler avec ce nouveau cadre, qui implique de concilier une culture entrepreneuriale agile avec un interventionnisme étatique à la française. D'autant que s'y superposent d'autres décisions politiques, notamment sur le plan linguistique, qui changent la donne.

Des atouts historiques à réinventer

Il faut dire que le Québec a développé au fil des décennies un modèle bien à lui. Des géants comme Bombardier ou le Cirque du Soleil aux licornes Lightspeed et Coveo, ses fleurons ont su tirer parti d'un subtil mélange entre créativité, ingénierie et soutien public. Pas étonnant dans ce contexte de voir la Belle Province se démarquer dans des domaines comme l'intelligence artificielle, le jeu vidéo ou les technologies langagières.

Mais à l'heure de la concurrence exacerbée entre écosystèmes, difficile de se reposer sur ses lauriers. D'où ce besoin de muscler le tissu de startups et scaleups locales, pour créer un effet d'entraînement sur l'ensemble de l'économie. Un virage qui pousse l'enssemble des acteurs à revoir leur logiciel.

• Repenser le continuum de financement, des subventions aux fonds de capital-risque
• Attirer et retenir les meilleurs talents, notamment dans les filières tech
• Fluidifier les liens recherche-industrie pour accélérer le transfert technologique

L'innovation comme moteur de croissance inclusive

Au-delà des indicateurs économiques, c'est toute la trajectoire de développement du Québec qui est en jeu. Car derrière ce pari se dessine l'ambition d'une croissance plus durable et inclusive, qui profite à l'ensemble du territoire et de la population.

Un défi de taille, qui suppose de casser les silos entre milieux d'affaires, académiques, communautaires. Et de s'assurer que l'innovation irrigue aussi bien les grands centres que les régions, les startups que les PME traditionnelles, les secteurs de pointe que ceux en transformation comme le manufacturier ou l'agroalimentaire. Le tout en veillant à ne pas creuser les inégalités par une course aux subventions qui favoriserait certains au détriment du plus grand nombre.

Un équilibre périlleux, sur lequel planchent autorités et acteurs de terrain. En attendant de voir si les résultats seront au rendez-vous, une chose est sûre: le Québec a choisi de prendre son destin d'innovation en main, avec l'audace qu'on lui connaît. Vivement les prochaines étapes!