Le PDG de Canoo Rachète les Actifs de la Startup en Faillite
Imaginez une startup prometteuse, portée par des rêves d’innovation et de mobilité durable, qui s’effondre brutalement sous le poids des dettes et d’un marché impitoyable. C’est l’histoire de Canoo, une entreprise américaine qui ambitionnait de révolutionner le transport avec ses vans électriques au design audacieux. Mais voici une tournure inattendue : six semaines après sa faillite, son PDG, Anthony Aquila, décide de racheter presque tous ses actifs pour 4 millions de dollars. Que signifie ce rebondissement pour l’avenir de Canoo et du secteur des véhicules électriques ? Plongeons dans cette saga fascinante.
Un Pari Audacieux dans un Secteur en Crise
Le secteur des véhicules électriques (EV) est un champ de bataille où les rêves futuristes rencontrent des réalités économiques brutales. Canoo, fondée avec l’ambition de proposer des vans modulables et écologiques, n’a pas échappé à cette tempête. Après une introduction en bourse en 2020 via une fusion avec une SPAC (société d’acquisition à vocation spécifique), la startup n’a vendu qu’une poignée de véhicules à des clients prestigieux comme la NASA ou le Département de la Défense américain, avant de sombrer dans une liquidation sous le régime du *Chapter 7* en Delaware.
Les Raisons d’une Faillite Éclair
Comment une entreprise aussi prometteuse a-t-elle pu s’effondrer si vite ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au 24 février 2025, Canoo affichait **145 millions de dollars d’actifs** pour **175 millions de dollars de passifs**, avec seulement 12 millions en liquidités. Mais au-delà des chiffres, c’est un cocktail de défis qui a eu raison de la startup :
- Un manque criant de financements pour soutenir la production de masse.
- Une concurrence acharnée dans un marché saturé d’actifs EV à bas prix.
- Des coûts fixes écrasants, comme les loyers et les assurances, impossibles à couvrir.
Le trustee chargé de la faillite a d’ailleurs souligné une vérité amère : la chute d’autres acteurs comme Fisker ou Nikola a inondé le marché d’équipements EV bradés, rendant la survie de Canoo encore plus précaire.
Anthony Aquila : Sauveur ou Opportuniste ?
Au cœur de cette intrigue, Anthony Aquila, PDG de Canoo, entre en scène avec une proposition surprenante. Via une nouvelle entité, *WHS Energy Solutions, Inc.*, il offre **4 millions de dollars en cash** pour racheter presque tout : équipements de fabrication, vans terminés, propriété intellectuelle et contrats. Mieux encore, cette opération efface une dette de plus de **11 millions de dollars** que Canoo devait à une firme financière dirigée par… Aquila lui-même.
« Le principal motif de cet achat est de respecter les engagements de Canoo envers certains programmes gouvernementaux. »
– Anthony Aquila, via le trustee de la faillite
Mais ce geste soulève des questions. Est-ce une tentative sincère de préserver l’héritage de Canoo, ou une manœuvre astucieuse pour récupérer des actifs à moindre coût ? Après tout, les créanciers non garantis, comme Magna (qui réclame 3 millions) ou Yorkville (7 millions), risquent de repartir les mains vides.
Que Contient le Trésor de Canoo ?
Si la transaction aboutit, *WHS Energy Solutions* mettra la main sur un arsenal impressionnant. Voici ce qui est en jeu :
- **Équipements industriels** pour produire des véhicules électriques.
- **Vans déjà assemblés**, prêts à être déployés.
- **Propriété intellectuelle**, incluant brevets et designs uniques.
- **Contrats existants**, notamment avec des agences gouvernementales.
Cependant, Aquila ne reprendra pas les baux de Canoo, ni les dettes envers les autres créanciers. Ce choix stratégique laisse entrevoir une volonté de repartir sur des bases allégées, mais l’avenir reste flou.
Un Contexte de Marché Explosif
Le rachat intervient dans un climat tendu pour les startups EV. La chute en cascade de pionniers comme Lordstown Motors, dont l’ex-PDG a lui aussi racheté les actifs pour lancer *LandX Motors*, illustre une tendance : les leaders tentent de sauver leurs projets à tout prix. Mais pour Canoo, la donne est différente. Le trustee note que sans cette vente rapide, les programmes gouvernementaux risquent des retards coûteux, obligeant les agences à chercher d’autres partenaires.
Ce facteur temps joue en faveur d’Aquila. Les vans de Canoo, avec leur design futuriste et leur modularité, avaient séduit des clients comme la Poste américaine. Mais sans liquidités pour produire en série, l’entreprise n’a jamais pu tenir ses promesses.
Et Après ? Les Scénarios Possibles
Que fera Aquila de ce trésor racheté à prix d’ami ? Les hypothèses fusent :
- Relancer Canoo sous une nouvelle forme, en se concentrant sur des niches comme les contrats publics.
- Revendre les actifs à une autre entreprise EV en quête d’équipements ou de brevets.
- Utiliser la propriété intellectuelle pour innover dans un autre secteur de la mobilité.
Aucune certitude pour l’instant, d’autant qu’Aquila n’a pas répondu aux sollicitations des médias. Une chose est sûre : le 28 mars 2025, date limite pour d’éventuelles offres concurrentes, sera décisive. Si personne ne surenchérit, ce sera officialisé.
Une Leçon pour les Startups Innovantes
L’histoire de Canoo est un miroir des défis qui guettent les startups audacieuses. Dans un secteur où les coûts d’entrée sont colossaux, où les investisseurs se font frileux face aux échecs répétés, la marge d’erreur est infime. Pourtant, ce rachat montre aussi que même dans l’échec, des opportunités émergent.
« La faillite n’est pas la fin, mais un nouveau départ pour ceux qui savent saisir les opportunités. »
– Un analyste anonyme du secteur EV
Pour Canoo, ce pourrait être une renaissance sous l’égide d’Aquila, ou simplement la fin d’un chapitre. Une chose est sûre : cette saga illustre la résilience et les paradoxes d’un secteur en pleine mutation.
L’Impact sur la Mobilité Durable
Si Aquila parvient à redonner vie à Canoo, cela pourrait renforcer la confiance dans les solutions de **mobilité durable**. Les vans électriques, avec leur potentiel pour les flottes publiques ou privées, restent une pièce clé du puzzle écologique. Mais le chemin est semé d’embûches : concurrence de géants comme Tesla, coûts de production élevés, et incertitudes économiques sous l’ère Trump, qui pourrait bouleverser les priorités industrielles.
En attendant, cette opération montre que l’innovation ne meurt jamais vraiment. Elle se transforme, change de mains, et parfois, renaît de ses cendres.