Le pétrole russe sanctionné, le Brent pourrait flamber
Les marchés pétroliers s'agitent suite aux dernières sanctions américaines contre l'industrie pétrolière russe. Selon les analystes de Goldman Sachs, ces mesures pourraient propulser le prix du baril de Brent au-delà des 85$, voire jusqu'à 90$ en cas de baisse conjointe de la production iranienne. Les prix à la pompe risquent de s'envoler, mais quelles seront les répercussions géopolitiques et économiques de cet énième bras de fer énergétique ?
L'administration Biden serre la vis sur le pétrole russe
Vendredi dernier, Washington a dévoilé son arsenal de sanctions le plus ambitieux à ce jour visant la chaîne de valeur pétrolière et gazière de Moscou. Chaque maillon est ciblé, de la production à la distribution en passant par le transport. Résultat immédiat : les cours du brut se sont envolés pour atteindre près de 81$ lundi, au plus haut depuis août.
Ces restrictions risquent de contraindre les raffineurs chinois et indiens, gros clients du brut russe, à se fournir ailleurs, en particulier au Moyen-Orient, en Afrique et sur le continent américain. Ce qui renchérirait mécaniquement les prix et les coûts du fret maritime.
1,7 million de barils par jour menacés
Selon les estimations de Goldman Sachs, les navires russes visés par les sanctions américaines ont transporté l'an dernier pas moins de 1,7 million de barils par jour, soit un quart des exportations de la Russie. Si ce volume venait à manquer sur le marché mondial, l'impact haussier sur les prix serait significatif.
Le Brent au-dessus de 85$, voire 90$ ?
Les analystes de la banque américaine estiment ainsi que le Brent pourrait rapidement s'envoler au-delà de 85$ le baril. Et si une baisse de la production iranienne devait coïncider avec ce choc russe, la barre symbolique des 90$ serait même en ligne de mire.
Pour autant, Goldman Sachs n'a pas révisé son scénario central tablant sur un baril entre 70$ et 85$ cette année. La banque voit en effet plusieurs parade possibles pour la Russie :
- Baisser ses prix et attirer des acheteurs via une "flotte fantôme"
- Raffiner davantage de brut en interne
- Augmenter ses exportations de produits raffinés
Vers une pénurie de diesel ?
Si la Russie emprunte massivement cette dernière voie, c'est le marché mondial du diesel qui risque cette fois de se tendre. L'Europe en particulier, qui importe déjà près de 40% de son gazole de Russie, pourrait souffrir de pénuries et de prix records à la pompe.
Entre la flambée des cours, l'offre russe menacée et une demande toujours vigoureuse, tous les ingrédients semblent réunis pour une nouvelle poussée inflationniste. Sauf apaisement des tensions géopolitiques.
Or avec des stocks pétroliers mondiaux toujours tendus et une spare capacity de l'OPEP+ proche de ses limites, le marché aura peu de marge de manœuvre pour amortir ce choc. Le consommateur occidental risque une nouvelle fois d'en faire les frais à la pompe.
La riposte de Poutine
Reste l'inconnue Poutine. Si le maître du Kremlin décidait de riposter en réduisant volontairement sa production, voire en coupant carrément les vannes, le baril pourrait s'enflammer bien au-delà des 100$. De quoi plomber la croissance mondiale, déjà vacillante.
Un scénario catastrophe que personne ne peut écarter, mais qui pénaliserait aussi lourdement le budget de l'État russe, déjà privé d'une grande partie de ses débouchés gaziers et pétroliers traditionnels. Moscou retiendra-t-elle ses coups ?