Le plastique recyclé, un enjeu majeur pour l’avenir de l’industrie
La pollution plastique est devenue un fléau environnemental majeur à l'échelle mondiale. Pour tenter d'y remédier, des négociations internationales se sont tenues début décembre à Busan en Corée du Sud, avec l'objectif ambitieux d'élaborer le premier traité international juridiquement contraignant contre la pollution plastique. Malheureusement, malgré d'intenses tractations diplomatiques, aucun accord n'a pu être trouvé entre les pays participants.
Face à cet échec, Xavier Chastel, directeur général de Polyvia (l'union des transformateurs de polymères), appelle à ne pas baisser les bras et à intensifier les efforts pour parvenir à un consensus :
C'est un échec ! Polyvia est favorable à l'élaboration et à la mise en œuvre d'un tel instrument juridique international. Un nouveau round de négociations va être organisé en 2025. Nous appelons les participants à poursuivre et à intensifier les négociations diplomatiques sur le sujet.
– Xavier Chastel, directeur général de Polyvia
En effet, la pollution plastique impacte fortement l'image de l'industrie, alors même que cette pollution ne provient pas majoritairement des pays européens qui ont mis en place des mesures efficaces sur le principe du pollueur-payeur. Il est donc crucial que des règles mondiales harmonisées soient adoptées, afin d'éviter les distorsions de concurrence et une course au moins-disant environnemental.
Réduire la production de plastique vierge
Un des points clés des négociations porte sur la réduction de la production de polymères vierges. Mais ce sujet complexe doit être abordé avec méthode et rigueur, en s'appuyant sur des données fiables :
Il est primordial d'aborder ce sujet avec une approche rigoureuse et méthodique, en s'appuyant sur des données fiables plutôt que sur des objectifs fixés de manière arbitraire.
– Xavier Chastel
Pour cela, il faut mener une réflexion approfondie pour distinguer les usages essentiels des polymères de ceux qui sont superflus. Cela nécessite de prendre en compte les perspectives d'augmentation des taux de collecte et de recyclage, d'évaluer les besoins et capacités d'intégration de matière recyclée, et d'anticiper le développement du réemploi. C'est seulement à l'issue de cette analyse qu'il sera possible de déduire les quantités de polymères vierges à produire.
Lorsqu'un emballage est jugé utile, il convient également de mener une analyse de cycle de vie pour déterminer le matériau le plus adapté d'un point de vue environnemental. Le plastique s'avère souvent le mieux positionné, à condition qu'il soit correctement collecté et recyclé en fin de vie.
Encadrer l'utilisation des additifs chimiques
Un autre point important des discussions concerne la potentielle interdiction de certains additifs chimiques utilisés dans les plastiques et considérés comme dangereux pour la santé ou l'environnement. Sur ce sujet, la profession se dit favorable à davantage de transparence et à une limitation du nombre de substances utilisées :
Nous sommes en phase avec l'objectif d'améliorer la transparence sur les additifs et d'en limiter le nombre. Pour une résine donnée, si on réduit le spectre des additifs utilisés de façon générale pour l'ensemble des secteurs d'utilisation concernés, les opérations de recyclage peuvent être simplifiées, limitées, massifiées et in fine moins coûteuses.
– Xavier Chastel
Cette évolution nécessitera cependant du temps et un travail conjoint de l'ensemble de la chaîne de valeur. Les donneurs d'ordre devront faire évoluer leurs cahiers des charges pour s'adapter à un spectre réduit d'additifs. Quant aux chimistes, ils devront formuler des substances moins dangereuses.
Bâtir une économie circulaire du plastique
Au final, l'enjeu est de parvenir à construire une véritable économie circulaire du plastique à l'échelle mondiale, en combinant :
- L'éco-conception des produits pour les rendre plus facilement recyclables.
- L'amélioration des taux de collecte et de tri des déchets plastiques.
- Le développement de technologies de recyclage performantes, y compris chimique.
- L'utilisation croissante de matières plastiques recyclées.
Un tel modèle permettrait de réduire drastiquement les fuites de plastique dans l'environnement, tout en diminuant la dépendance aux ressources fossiles. Mais sa mise en œuvre à grande échelle implique une coopération internationale renforcée.
C'est tout l'enjeu des futures négociations qui doivent reprendre en 2025 pour tenter d'aboutir à un traité ambitieux et équitable. L'industrie du plastique, consciente de ses responsabilités, est prête à prendre toute sa part dans la construction de ce nouveau modèle. Aux États de se montrer à la hauteur des défis en trouvant les voies d'un nécessaire consensus.